Freaky Friday 2 : une comédie prévisible mais attachante
Vingt-deux ans après le premier volet, Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis reforment leur duo mère-fille dans un amusant et tendre film, qui sent bon la nostalgie.

Revenir deux décennies plus tard avec une suite à une comédie devenue culte relevait du défi. Et Freaky Friday 2 : encore dans la peau de ma mère, qui retrouve les personnages de Freaky Friday : dans la peau de ma mère (2003), lui-même remake du Freaky Friday de 1976 avec Jodie Foster, adapté du roman éponyme de 1972, n’avait pas la tâche facile.
Bonne nouvelle : si vous aviez aimé les aventures d’Anna (Lindsay Lohan), ado rebelle, qui échangeait malgré elle son corps avec celui de sa mère psychologue Tess Coleman (Jamie Lee Curtis) peu avant son remariage avec Ryan (Mark Harmon), ce nouveau volet, sorti mercredi 6 août dans les salles romandes, devrait également vous plaire.

Réalisé par la Canadienne Nisha Ganatra, Freaky Friday 2 déroule pourtant une trame identique au premier opus, ne laissant aucune place au suspense : à la veille d’un mariage, un échange de corps intergénérationnel vient à nouveau semer la panique chez les Coleman. Mais le film parvient quand même à séduire en poussant le concept un peu plus loin: cette fois, ce ne sont pas deux, mais quatre femmes, issues de trois générations, qui se retrouvent piégées dans les corps les unes des autres, déclenchant une avalanche de situations absurdes et de malentendus par moments hilarants.
Ennemies jurées
Anna Coleman est désormais mère célibataire d’Harper (Julia Butters). Elle s’apprête à épouser Eric Davies (Manny Jacinto), chef londonien veuf et père de Lily (Sophia Hammons), l’ennemie de Harper. Les deux adolescentes se détestaient déjà cordialement avant le coup de foudre de leurs parents. La perspective de faire bientôt partie de la même famille n’a donc rien arrangé. D’autant plus que les futurs mariés veulent s’installer à Londres, une idée insupportable pour Harper, férue de surf sous le soleil californien, et pour sa grand-mère Tess, peu pressée de voir partir sa fille et sa petite-fille.

Comme en 2003, la crise culmine à l’approche du grand jour. Cette fois, c’est lors de la soirée d’enterrement de vie de jeune fille d’Anna, que tout bascule: une voyante débutante (Vanessa Bayer) déclenche un sort. Le lendemain, Anna se réveille dans le corps de Harper, Harper dans celui d’Anna, Tess dans celui de Lily et Lily dans celui de Tess. Si les deux adultes s’adaptent vite à une situation qu’elles connaissent déjà, les adolescentes doivent composer avec des responsabilités dont elles ne soupçonnaient rien.

Pour la vaniteuse Lily, l’horreur est totale : non seulement elle est piégée dans le corps d’une Coleman, cette famille qu’elle déteste, mais en plus, comme elle le crie sans ménagement, «dans celui de la plus vieille». Un physique qu’elle juge avec cruauté, sans jamais penser une seconde qu’elle vieillira elle aussi. L’occasion de dénoncer, avec humour, la dictature du jeunisme et la pression sociale imposée aux femmes, parfois par les femmes elles-mêmes. L’une des premières décisions de Lily devenue Tess? Aller se faire (beaucoup trop) repulper les lèvres.
Avant de retrouver leur place dans leurs propres corps et sauver le mariage imminent d’Anna, les quatre femmes devront faire preuve d’empathie et réussir à se mettre, au sens figuré également, à la place de l’autre. Mais c’est sans compter sur Harper et Lily, qui voient dans ce chaos, une occasion en or de faire capoter l’union de leurs parents.
Irrésistible Jamie Lee Curtis
Freaky Friday 2 doit beaucoup à Jamie Lee Curtis. Brillante en ado capricieuse piégée dans un corps de sexagénaire, l’actrice oscarisée pour Everything Everywhere All at Once (2022) semble s’amuser follement. Et nous avec elle. Elle se moque de l’âge, des rides, des douleurs et autres soucis liés au temps qui passe. Et rappelle pourquoi le public a toujours tant aimé rire avec elle, de Un poisson nommé Wanda (1988) à True Lies (1994) ou récemment The Last Showgirl (2024).

C’est également elle, convaincue qu’il était temps de revisiter Freaky Friday, qui est à l’origine de ces retrouvailles. Et elle a eu raison: son duo avec Lindsay Lohan fonctionne toujours aussi bien. Ce blockbuster est aussi une belle occasion pour l’ex-enfant star Lindsay Lohan de confirmer son comeback parmi les actrices qui comptent à Hollywood, après ses années d’errances dans les faits divers des pages people.
Le casting de 2003 au complet
Pourtant tout n’est pas parfait dans cette comédie familiale. Il faut un petit temps pour s’y retrouver entre les personnages inversés, peut-être parce que les différences entre Anna et Harper, proches en âge, ne sont pas aussi nettes que celles entre Tess et Lily. Dans la version originale, on regrette aussi que les accents britanniques ou américains ne changent pas également de corps. Et quelques scènes avec des personnages secondaires tirent parfois en longueur, sans apporter grand-chose à l’ensemble.
Mais pas de quoi empêcher le film de tenir ses promesses. Fidèle à l’esprit de son prédécesseur, tout en modernisant le propos (pas de baiser déplacé cette fois entre un ado et une quadragénaire coincée dans le corps de sa fille, comme à l’époque), il coche toutes les cases d’un agréable feel good movie, entre humour bon enfant, réconciliation et dialogues bourrés de bons sentiments. Le tout agrémenté d’une dose de nostalgie, puisqu’il multiplie les clins d’œil au passé et que l’ensemble du casting de 2003, y compris le premier amour d’Anna, Jake (Chad Michael Murray), est de retour.

Freaky Friday 2 ne révolutionne rien, mais offre exactement ce qu’on attendait de lui : une suite divertissante et pleine de tendresse à un film divertissant et plein de tendresse. Et finalement, 111 minutes de légèreté, c’est un luxe qu’on s’offre volontiers.
Freaky Friday 2 : encore dans la peau de ma mère (Freakier Friday en VO), en salles. De Nisha Ganatra, avec Lindsay Lohan, Jamie Lee Curtis, Julia Butters, Sophia Hammons.