Cynthia (Love Is Blind France) : « Les hommes ont tendance à me prendre pour un challenge »
Critiquée par les uns, adorée par les autres, l’une des révélations de Love Is Blind France prend enfin la parole. Après la diffusion de l’émission de télé-réalité la plus suivie de Netflix ces dernières semaines, la candidate de 31 ans a décidé de raconter sa vérité et annoncer ses nouveaux projets. Entretien.

Elle nous parle depuis sa chambre d’hôtel à New York. Trois semaines après le clap de fin de Pour le meilleur et à l’aveugle (aussi dit Love Is Blind France), Cynthia a ressenti le besoin de quitter la frénésie parisienne, déclare-t-elle. Il faut dire que la participation de la candidate a fait couler beaucoup d’encre : 1,82 mètres de prestance, 31 ans d’élégance affiné par un foudroyant cocktail d’éloquence. Des qualités que nombre de spectateurs ont néanmoins parfois prises pour de la condescendance. Surtout envers son partenaire de l’aventure, Jonathan. À l’écran, leur duo a été l’un des plus commentés de l’émission de dating qui a rapidement trusté le top 3 de Netflix Suisse. Son ressenti après coup, ce que le public n’a jamais vu, ses regrets, sa vie amoureuse ou encore ses nouveaux projets : Cynthia Kalela ne s’était encore jamais exprimée dans les médias. Ce mardi 14 octobre, elle choisit de tout dévoiler chez ELLE.
Aviez-vous déjà participé à d’autres émissions télévisuelles avant Netflix ?
Oui, les Reines du shopping, sur M6. Je devais le faire avec ma meilleure amie, qui s’est finalement désistée. Là, encore une fois, je ne savais pas ce que je faisais là, car c’était son idée au départ, et moi, j’ai juste suivi, alors que je ne regardais même pas cette émission.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le concept de Pour le meilleur et à l’aveugle ?
Ce qui m’a poussée à accepter de participer à Pour le meilleur et à l’aveugle, à l’époque, c’est que l’idée du mariage ne me faisait pas peur. Je sortais d’une longue relation de presque sept ans, avec une personne que j’étais sur le point d’épouser avant notre séparation. En entrant dans la trentaine, j’avais envie de vivre une expérience unique, quelque chose de vraiment hors du commun – et c’est exactement ce qui m’a été donné avec Netflix.
J’estime qu’il y a un pan de mon histoire qui a peut-être un peu été mis sous silence.
Pourquoi avoir voulu vous exprimer dans les médias à propos de votre expérience sur Pour le meilleur et à l’aveugle ? L’épisode final « des Retrouvailles » n’avait-il pas déjà permis de tourner la page ?
Revenir dans les médias, pour moi, c’était une nécessité parce que j’estime qu’il y a un pan de mon histoire qui a peut-être un peu été mis sous silence, pour des raisons de montage. C’est un peu dommage, car en regardant les épisodes finalement, on se rend bien compte qu’il des morceaux qui manquent. Tout n’est pas fidèle. On ne comprend pas tout. Et puis, la relation se termine, et j’ai, à tout casser, trois minutes de temps de parole, alors que j’ai eu une discussion avec Jonathan pendant quasiment une heure.
Vous faites partie des candidats à avoir particulièrement polarisé l’audience, suscitant énormément de réactions – bonnes et mauvaises – à votre égard. Comment gérez-vous cela ?
Avec le recul, j’ai fini par comprendre que tout n’était pas bon à prendre. On offre du divertissement finalement, même si c’est un pan de notre vie amoureuse que l’on offre à la télévision. Naturellement, les gens vont réagir comme des personnes qui regardent du divertissement, donc, dès lors où j’ai compris ça, je me suis dit : « Ok, ne prends rien au pied de la lettre, ne prend rien personnellement et laisse les gens avoir leurs avis ».
Votre relation avec Jonathan a mis en lumière plusieurs problématiques que les couples hétérosexuels rencontrent, à commencer par la différence de taille que vous avez expliqué craindre durant l’émission. Pourquoi ?
Je pense que le tout, dans Pour le meilleur et à l’aveugle, c’est de trouver son perfect match. Et, pour moi, le perfect match fait ma taille. Maintenant, ce que j’ai beaucoup dit durant l’expérience, mais qui n’a pas vraiment été montré pour des raisons de narrative, c’est que, j’étais aussi ok d’avoir un partenaire plus petit. En revanche, il fallait qu’il soit confiant, bien dans ses baskets et à l’aise avec l’idée que je sois plus grande. Tout simplement.

La société a tendance à considérer une femme noire agressive à partir du moment où elle s’exprime bien.
Est-ce que la production vous a parfois orientée ou encouragée à montrer certaines facettes de vous ?
On ne nous dicte rien. On est vraiment suivis dans notre vie, dans notre histoire amoureuse, dans la création d’un futur avec quelqu’un, sans pour autant driver, etc. Mais – parce qu’il y a quand même un « mais » – si, pour le bien du programme, il faut que l’on reste, on va nous faire entendre certains arguments pour nous mener nous-mêmes à la conclusion que « bon, finalement, je dois rester ».
La question de la mise en scène a été largement abordée par les spectateurs notamment ceux n’ayant pas compris votre volonté à récupérer Jonathan, alors que vous sembliez ne pas vous supporter l’un et l’autres durant votre séjour au Maroc…
J’étais attachée au Jonathan des capsules, à l’homme que j’ai rencontré pendant les capsules. C’est triste parce que la force avec laquelle on est tombés amoureux l’un de l’autre – à quel point ça a été très mignon à découvrir, à voir, à vivre même – n’a pas été diffusé. Au Maroc, on n’a vécu que trois jours de tournage. Donc, pour moi, ce que j’ai vécu là-bas était un peu équivalent à un mauvais rêve et je me dis que la réalité m’attend à Paris. C’est comme ça que j’arrive dans cette posture de « je veux récupérer mon homme », mais mon homme des capsules.
Les femmes comme moi, on n’est pas faites pour tout le monde, et c’est un non-sujet.
Comment avez-vous perçu le montage final de l’émission ?
En regardant l’émission, j’ai effectivement constaté, un peu comme tout le monde, la narrative qui avait été posée me concernant. Ce qu’il faut savoir, c’est que je n’étais pas du tout au courant de ce que Jonathan disait pendant ses interviews. La narrative est finalement menée par ses propos. C’est-à-dire que parce qu’il a véhiculé l’idée que je lui semblais castratrice, que je ne le laissais pas parler, que je lui faisais peur, ce genre de choses, naturellement, les images qui vont être montrées sont pensées pour soutenir cette idée. L’erreur que j’ai commise, c’est de ne pas avoir exprimé à 100% ce que je vivais hors caméra. Etant donné que si l’on ne raconte pas les choses face caméra, c’est comme si elles n’avaient pas existé.
Les spectateurs qui vous ont défendu ont eu le sentiment que vous étiez parfois victime du stéréotype de la « Black Angry Woman ». Est-ce un concept qui vous parle ?
Oui, ça me parle, car je fais face à ce genre de stéréotypes dans mon propre travail. Et oui, j’en ai été victime.. La société a tendance à considérer une femme noire agressive à partir du moment où elle s’exprime bien. Dans le même temps, la narrative qui a été montrée et véhiculée par mon partenaire cristallisait aussi uniquement cette image, sans que je ne m’en rende compte. Donc je comprends qu’au final, certains spectateurs ont pu penser que je n’étais que ça.
Y a-t-il des moments clés de votre participation que vous auriez voulu que le public voit à l’écran ?
L’épisode de fin où Jonathan me quitte. En réalité, je l’avais déjà quitté hors caméras. On m’a dit dans les commentaires : « Pourquoi tu rigoles ? T’es complètement folle ! » Non, je rigolais parce que je le voyais reprendre les arguments que moi j’avais eu contre lui, pendant nos disputes hors caméras, les dresser face à moi et rompre. C’est tout ce contexte que je n’ai jamais compris avec lui, vraiment.
En avez-vous voulu, à un moment, à Netflix pour le traitement qui a été fait de votre image ?
Je ne peux pas réduire mon ressentiment par rapport au montage, par exemple, ou au choix de la narrative à « j’ai passé une mauvaise expérience ». Pour moi, Pour le meilleur et à l’aveugle a été une expérience exceptionnelle. Je ne pense pas qu’il me sera donnée de revivre ça et rien que pour cela, ça restera gravée dans ma mémoire. Et puis, même dans mes polarités, même si elles n’ont pas toutes été montrées, mes proches me reconnaissent et, pour moi, c’est l’essentiel.
Qu’est-ce que Pour le meilleur et à l’aveugle vous a appris sur vous-mêmes ?
On n’est pas tous faits les uns pour les autres, et c’est totalement ok. Les hommes ont tendance à me prendre pour un challenge ; soit comme une femme qu’ils pensent pouvoir maîtriser, soit comme celle qu’ils veulent avoir à leurs côtés. Parfois, c’est lié à ce qu’on appelle le beauty privilege, parfois à cette énergie qu’on associe à une femme qui garde le contrôle. Mais j’ai envie de dire une chose : les femmes comme moi ne sont pas faites pour tout le monde, et c‘est un non-sujet. Il n’y a donc pas besoin de venir se tester avec moi pour ensuite réaliser que ce n’est pas fait pour soi – et finalement me diaboliser.
À toutes les femmes qui ont, une fois dans leur vie, dû se réduire pour satisfaire l’égo de quelqu’un […] ce n’est plus négociable.
Que voudriez-vous dire aux spectateurs qui, dans la controverse, vous ont défendu ?
Je dirais un immense merci à toutes les personnes qui m’ont soutenue, contre vents et marées. C’est vrai, j’ai été au centre de nombreuses controverses, mais j’ai été agréablement surprise de constater qu’il existe encore des gens qui regardent la télévision avec de la jugeotte. Je n’ai pas été irréprochable, j’ai accepté les critiques constructives, et rien que pour ça, aujourd’hui, je suis vraiment heureuse.
Vous avez aussi un message pour les femmes…
Oui, pour toutes les femmes qui ont, une fois dans leur vie, dû se réduire pour satisfaire l’égo de quelqu’un, se réduire pour s’effacer, même beaucoup, pour laisser l’autre exister – ça, ça m’est beaucoup arrivée dans mes relations passée – ce n’est plus négociable. Il faut être soi, oser être soi jusqu’au bout et ne s’arrêter finalement que sur les personnes qui sont faites pour soi. Tout simplement.
Vous reverra-t-on dans un programme télévisuel ?
La télé, pour le moment, ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse. Je pense que j’ai vécu déjà quelque chose de très intense, là, récemment. Mais je ne suis pas fermée à une nouvelle opportunité. Je vais juste être très exigeante par rapport au diffuseur et au style de programme.
Aujourd’hui, êtes-vous toujours conseillère en vente dans le luxe ou l’émission vous a-t-elle permis d’ouvrir d’autres portes ?
Ce que les gens ne savent pas, c’est que je suis journaliste. J’ai exercé mon métier pendant quelques années après avoir été diplômée d’un master en journalisme au moment du Covid. C’est la raison pour laquelle j’ai bifurqué vers le luxe. Aujourd’hui, grâce à mon expérience dans Pour le meilleur et à l’aveugle, de pouvoir revenir à mon premier amour. Donc mes prochains projets à venir vont être de l’ordre de l’audio-visuel et des médias : je vais lancer mon podcast !
Ce que les gens ne savent pas, c’est que je suis journaliste.
Il existe une multitude de podcasts aujourd’hui. En quoi le votre fera la différence ?
J’y travaille depuis quelques semaines. Ce qui distinguera ce projet des autres, c’est avant tout ma patte. Même si beaucoup de choses existent déjà, tout n’est pas forcément fidèle à la vision que j’ai. J’ai le sentiment que ce que je veux apporter n’existe pas encore – et je suis prête à le lancer. J’ai vraiment hâte.
Et sur le plan amoureux, où en êtes-vous aujourd’hui ?
C’est drôle, car on ne m’a même pas posée la question durant les « Retrouvailles » ! (Rires). Je suis toujours un cœur à prendre. Je suis beaucoup courtisée, je ne vais pas le cacher. Mais non, je vais prendre le temps. Je sais ce que je veux, je sais ce que je ne veux plus non plus, et c’est tout ce qui compte.