« Vulve », « pubis », « minou » : que révèle le surnom que vous donnez à vos parties intimes ?

La façon dont les femmes nomment leurs parties intimes serait révélatrice de leur rapport au corps et à la sexualité, selon une nouvelle étude.
« Minou », « vulve », « pubis », « chatte »… Le choix des mots pour nommer le sexe féminin n’est jamais anodin, et pourrait façonner la manière dont les femmes se sentent dans leur corps et vivent leur sexualité. Une nouvelle étude publiée dans la revue Sex Roles, le 22 octobre 2025, révèle que les noms utilisés par les femmes pour désigner leurs parties intimes sont liés à leur image corporelle, à leur plaisir sexuel et à certains comportements liés à la santé.
Ces travaux ont été réalisés par une équipe de chercheuses, dirigée par Tanja Oschatz de l’université Johannes-Gutenberg en Allemagne et Rotem Kahalon de l’université Bar-Ilan en Israël. D’après les résultats, relayés par le PsyPost, l’utilisation de termes ludiques ou enfantins pour parler des organes génitaux au quotidien serait associée à des conséquences plus négatives, tandis que l’utilisation du « dirty talk » pendant les rapports sexuels serait liée à des expériences sexuelles plus positives.
75 % des femmes emploient des termes anatomiques dans des contextes non sexuels
« Depuis des années, les chercheuses féministes et les sexologues insistent sur l’importance du langage : les mots que nous utilisons pour parler de notre corps peuvent influencer la façon dont nous le percevons. Pourtant, malgré cette idée largement répandue, il existe étonnamment peu de données empiriques montrant comment cela se manifeste en ce qui concerne les organes génitaux féminins », souligne Tanja Oschatz auprès de PsyPost.
Pour mener leurs recherches, les scientifiques ont interrogé 457 femmes américaines appartenant à plusieurs générations. Les participantes ont chacune dévoilé quels termes elles utilisaient le plus souvent pour désigner leurs parties intimes, dans deux contextes différents : en dehors du sexe d’une part, et lors de rapports sexuels d’autre part. Elles ont également répondu à des questionnaires portant sur leurs sentiments, leurs attitudes, leur image corporelle, leur plaisir sexuel ou encore leurs comportements liés à la santé intime (utilisation de produits d’hygiène vaginale, ouverture à la labiaplastie, etc.)
Leurs réponses ont ensuite été analysées et classées en plusieurs catégories, dont les termes anatomiques (« vagin », « vulve ») ; vulgaires (« chatte ») ; familiers ou enfantins (« minou ») : ou encore des euphémismes (« parties intimes »).
Si 75 % des femmes emploient des termes anatomiques dans des contextes non sexuels, 15 % d’entre elles utilisent des mots ludiques et des euphémismes. « Interrogées sur le terme utilisé dans un contexte sexuel, la plupart des femmes ont déclaré employer des termes plus familiers, voire vulgaires, comme « chatte ». Par rapport aux données d’il y a vingt ans, nous avons également constaté que le terme « vulve » (désignant la partie externe des organes génitaux féminins) et les mots faisant référence au clitoris sont devenus plus courants, ce qui suggère un vocabulaire plus nuancé et mieux informé sur l’anatomie aujourd’hui », rapporte Tanja Oschatz.
Qu’est-ce que le « dirty talk » dit du rapport au corps et au sexe ?
Aussi, les femmes ayant recours à un vocabulaire enfantin ou ludique pour parler de leurs organes génitaux présentaient plus souvent une image négative de cette zone de leur corps. Ce phénomène débordait d’ailleurs sur d’autres aspects de leur vie intime : ce type de langage était également lié à une moindre perception du plaisir procuré au partenaire lors du sexe oral, à un usage plus fréquent de produits d’hygiène intime et à un intérêt accru pour la labiaplastie.
À l’inverse, l’usage d’un langage vulgaire durant les rapports sexuels est corrélé à des expériences sexuelles plus positives. Les femmes qui y ont recours déclarent un plaisir plus intense, des orgasmes plus fréquents et un désir accru de recevoir du sexe oral.
Qu’en est-il des euphémismes ? « Nous pensions que ces termes pouvaient véhiculer une notion de honte ou de malaise, ce qui aurait pu être lié à une image plus négative de soi-même concernant ses organes génitaux. Or, nos résultats suggèrent le contraire. En réalité, c’est l’emploi d’un langage enfantin qui était associé à des sentiments et des attitudes négatifs », indique l’experte. Selon les autrices de l’étude, écarter le langage infantilisant et encourager l’usage de termes anatomiques précis, que ce soit en médecine, à l’école ou en famille, pourrait aider à réduire la honte et à renforcer la connaissance du corps ainsi que le bien-être des femmes.
Autrice : Alexandra Tizio
Cet article a été adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.fr. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.