« Wake Up Dead Man » : explication de la fin tordue du dernier thriller de Netflix

C’est la version la plus étrange de la fameuse saga — et sans doute aussi la plus profonde.

Attention, spoilers.

De prime abord, Wake Up Dead Man : une histoire à couteaux tirés (2025), le nouveau À couteaux tirés (2019) signé Rian Johnson, repose sur une énigme centrale : qui a tué Monseigneur Jefferson Wicks ? Ce chef religieux corrompu et narcissique — incarné par un Josh Brolin au charisme et à la mégalomanie dignes de Thanos — s’effondre mort en plein milieu de son sermon du Vendredi saint. Il aurait été poignardé dans le dos lors d’une pause dans un placard, à quelques mètres à peine de sa chaire. Un meurtre en chambre close qui offre au détective Benoît Blanc (Daniel Craig) une boîte à énigmes des plus savoureuses.

Mais la question « qui a tué Monseigneur Jefferson Wicks » n’est en réalité qu’une pièce d’un puzzle bien plus vaste. Tout au long de Wake Up Dead Man : une histoire à couteaux tirés, les interrogations se multiplient. Ce troisième volet — et sans doute le meilleur — de la saga À couteaux tirés ne se contente pas de disséquer les rouages d’un meurtre : il s’attaque aux grandes énigmes de l’existence, de la mort, de la foi et de la rédemption.

Pour refléter la complexité de ces questionnements quasi existentiels, l’enquête elle-même se révèle volontairement alambiquée. « C’est le scénario le plus difficile que j’aie jamais écrit », a confié Rian Johnson à Tudum (Netflix), non seulement à cause de « l’intrication » du meurtre de Jefferson, mais aussi parce que l’histoire « était très personnelle et comptait énormément pour moi ». Il poursuit : « J’ai grandi dans un environnement très chrétien. Je ne le suis plus aujourd’hui, mais de l’adolescence jusqu’au milieu de ma vingtaine, je percevais le monde à travers ma relation au Christ. C’était une part essentielle de ma vie, et j’entretiens donc des sentiments très complexes à ce sujet. »

Ces sentiments complexes se reflètent dans l’opposition — cordiale mais idéologique — entre les visions du monde de Benoît Blanc lui-même, pragmatique inflexible et athée convaincu, et celles du révérend Jud Duplenticy, interprété avec une justesse remarquable par Josh O’Connor.

Jud, ancien boxeur ayant autrefois tué un homme sur le ring, s’est tourné vers une vie de foi et de service. Mais ses vieux réflexes reprennent parfois le dessus : après avoir récemment frappé « un diacre connard qui avait dépassé les bornes », il est muté dans la petite paroisse new-yorkaise de Notre-Dame de la Vaillance perpétuelle. C’est là qu’officie Monseigneur Jefferson Wicks, qui s’est mis à dos une bonne partie de ses fidèles avec ses sermons tonitruants, façon feu et soufre, saturés de condamnations contre ceux qu’il considère comme les ennemis de l’Église.

Là où Jud, « jeune, naïf et rempli de Christ », aspire à servir, Jefferson cherche à diaboliser, exploiter et partir en croisade. Il est donc inévitable que les deux hommes s’affrontent rapidement. Lorsque Jefferson s’effondre durant le week-end de Pâques, Jud devient l’un des principaux suspects de son meurtre. Mais Benoît Blanc, lui, est convaincu de l’innocence du révérend.

Comme le veut la tradition dans les À couteaux tirés de Johnson, Benoît et Jud évoluent au milieu d’une véritable galerie de personnages secondaires, tous dotés de raisons plus ou moins solides de vouloir protéger Jefferson… ou de conspirer contre lui. Parmi eux : Martha Delacroix (Glenn Close), paroissienne de longue date et fervente admiratrice de Jefferson, désormais au service de Notre-Dame de la Vaillance perpétuelle ; le Dr Nat Sharp (Jeremy Renner), médecin local amer, fraîchement séparé de son épouse ; Vera Draven (Kerry Washington), avocate ambitieuse ; Lee Ross (Andrew Scott), auteur de science-fiction à succès et figure controversée des réseaux sociaux ; Simone Vivane (Cailee Spaeny), violoncelliste prodige aux prises avec de lourdes douleurs nerveuses chroniques ; Cy Draven (Daryl McCormack), politicien de droite en devenir et fils adoptif de Vera ; et Samson Holt (Thomas Haden Church), le gardien des lieux de Notre-Dame de la Vaillance perpétuelle.

Avec l’aide de la cheffe de la police locale, Geraldine Scott (Mila Kunis), Benoît et Jud s’emploient à démasquer le coupable au sein de ce groupe hautement suspect.

Voyons maintenant ce qu’ils découvrent.

Comment Jefferson Wicks meurt-il ?

Monseigneur Jefferson Wicks s’effondre en plein milieu d’un sermon, après s’être interrompu — apparemment — pour faire une pause dans un placard situé près de sa chaire. Lorsqu’il chute, Jud va vérifier son état et découvre Jefferson étendu face contre terre, une lame plantée dans le dos. (La dague est ornée d’une petite tête de diable, un gri-gri provenant d’un bar du coin.)

Le crime semble impossible : le placard ne possède ni autre porte ni fenêtre, et personne n’a été vue entrant ou sortant de la pièce, à part Jefferson lui-même.

On apprend finalement que Jefferson a bu dans une flasque contenant un tranquillisant, ce qui a provoqué sa chute. Il a ensuite été poignardé après que son corps avait déjà été découvert, à l’aide d’une blessure… factice. Mais nous y reviendrons dans un instant.vueavait

Pourquoi Jud est-il d’abord suspecté du meurtre ?

Avant la mort de Jefferson, le monseigneur et Jud ont eu une altercation particulièrement tendue, filmée par Cy Draven, qui s’appuie ensuite sur la vidéo pour affirmer que Jud voulait la mort de Jefferson. À cela s’ajoute un détail accablant : le gri-gri en forme de tête de diable retrouvé sur la lame plantée dans la chasuble ensanglantée de Jefferson est exactement le même que celui que Jud avait volé dans un bar du quartier et qu’il avait utilisé, dans un moment de colère, pour briser une fenêtre de l’église.

Pris ensemble, ces éléments semblent désigner le révérend comme le meurtrier. Mais Benoît Blanc est convaincu que Jud cache en réalité un tout autre secret.

Quel est le secret de Jud ?

Dans la seconde moitié de Wake Up Dead Man : une histoire à couteaux tirés, on découvre enfin que Jud n’a pas rejoint l’Église pour fuir la honte d’avoir tué un homme par accident. Il est devenu révérend pour annoncer la bonne nouvelle du pardon divin — car la mort sur le ring n’était en réalité pas accidentelle.

Ce jour-là, son tempérament a pris le dessus et il a tué son adversaire en toute conscience. Malgré une culpabilité incontestable, Jud ressent néanmoins l’amour et le pardon de Dieu, et il souhaite que sa congrégation puisse, elle aussi, comprendre et éprouver cette même grâce miséricordieuse.

Alors, qui a vraiment tué Jefferson Wicks ? Et pourquoi ?

Le meurtre est en réalité un plan raté, imaginé à l’origine par trois paroissiens : Martha, le Dr Nat et le gardien des lieux, Samson. Comme Martha le révèle plus tard à Jud et à Benoît, elle a orchestré l’assassinat pour empêcher Jefferson de mettre la main sur un diamant — aussi appelé la Pomme d’Ève — qui appartenait autrefois à son grand-père, le révérend Prentice Wicks.

Lorsque Martha était enfant, elle a vu Prentice contraindre la mère de Jefferson, Grace (Annie Hamilton) — que Jefferson surnommera plus tard la « prostituée impie » — à rester à l’église, lui laissant croire qu’elle hériterait un jour de son immense fortune. En réalité, Martha a été témoin d’un geste décisif : avant de mourir, Prentice a avalé la Pomme d’Ève, s’assurant que personne, pas même Grace, ne puisse revendiquer l’héritage. Même lorsque Grace a mis l’église à sac à la recherche du diamant, Martha n’a jamais trahi le secret de Prentice.

Des décennies plus tard, pourtant, Martha finit par avouer la vérité à Jefferson. Mais au lieu de se contenter de lui pardonner, celui-ci complote pour exhumer le diamant à partir des restes de Prentice. Pour l’empêcher de mettre la main sur cette fortune, Martha décide alors qu’il doit mourir — avec l’aide de Nat et de Samson.

D’abord, elle demande à Nat de verser un tranquillisant dans la flasque que Jefferson garde dans son placard, provoquant son effondrement en plein sermon. À l’aide d’un dispositif télécommandé, elle déclenche ensuite une giclée de faux sang depuis la chasuble de Jefferson, dans laquelle elle a également dissimulé la lame ornée de la tête de diable. Lorsque Nat fait semblant « d’examiner » le corps après sa découverte par Jud, il échange discrètement les objets et poignarde réellement Jefferson, le tuant sur le coup.

Puis, Martha, Nat et Samson mettent en scène une « résurrection » que Martha espère utiliser pour attirer davantage de fidèles à Notre-Dame de la Vaillance perpétuelle. Samson accepte d’être enfermé dans le mausolée des Wicks afin de récupérer la Pomme d’Ève dans le corps de Prentice. Il ressort ensuite du tombeau vêtu des habits de Jefferson, donnant l’illusion que ce dernier est revenu d’entre les morts. (C’est ce supposé « miracle » que Jud observe au cimetière avant d’être assommé.)

Mais Nat trahit Samson : il le tue, s’empare du diamant et fait porter à Jud la responsabilité des meurtres de Jefferson et de Samson.

Martha empêche Nat de s’en tirer. Elle le piège en l’amenant à boire la tasse de café empoisonné que le médecin avait préparée pour elle, puis immerge son cadavre dans la cuve d’acide que Jud et Benoît découvriront plus tard.

Enfin, Martha avale le reste du poison. Elle ne succombe toutefois à ses effets toxiques qu’après avoir confessé le meurtre et prié pour le pardon — le sien, celui des fidèles de l’église et celui de Grace. Dans ses derniers instants, alors qu’elle se défait de la Pomme d’Ève, Jud lui accorde l’absolution et le pardon.

Qu’advient-il de la Pomme d’Ève ?

Tout au long de Wake Up Dead Man : une histoire à couteaux tirés, un thème revient sans cesse : la violence instinctive de Jud. Malgré tous ses efforts, le révérend au grand cœur ne parvient jamais à s’en défaire complètement. De la même manière, il ne peut effacer ses péchés — passés comme présents — et doit s’en remettre à l’amour et à la grâce de Dieu pour être pardonné et racheté. C’est cette même grâce qu’il cherche à transmettre à sa communauté.

Il rouvre ainsi Notre-Dame de la Vaillance perpétuelle sous un nouveau nom, Notre-Dame de la Grâce perpétuelle, et canalise son agressivité dans le travail du bois, façonnant à la main un nouveau crucifix destiné à remplacer celui que Grace avait détruit des décennies plus tôt.

À l’intérieur de ce crucifix, Jud dissimule la Pomme d’Ève, refusant d’en révéler l’existence, même lorsque Cy — le fils secret de Jefferson, et donc l’un des héritiers de la fortune de Prentice — le menace de poursuites judiciaires. À la fin de Wake Up Dead Man : une histoire à couteaux tirés, la Pomme d’Ève n’est plus une source de mal, mais devient un symbole de la grâce divine. À l’image du film lui-même, elle est à la fois un clin d’œil malicieux et un hommage sincère au mystère sacré de la foi.

Autrice : Lauren Puckett-Pope
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : film · netflix
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