ANNE-SOPHIE PIC

3 novembre 2020 · Modifié · Anne-Marie Philippe

ANNE-SOPHIE PIC est une femme d’exception. Seule Française cheffe à détenir trois étoiles au Guide Michelin. Elle totalise pour ses restaurants 8 étoiles Michelin, ce qui en fait la femme cheffe la plus étoilée du monde.

Notre rencontre avec Anne-Sophie remonte à dix ans lorsqu’elle reprend les rênes du restaurant du Beau-Rivage Palace à Lausanne.

Lors de notre première interview, nous sommes d’emblée séduits par cette jeune femme menue et fragile, à la personnalité pourtant si affirmée. Elle nous parlera d’une petite robe noire achetée pour être féminine et plaire à son mari. Sa sensibilité amoureuse nous a touchés.


ELLE SUISSE. Parlez-nous de vos nouveaux projets professionnels.

ANNE-SOPHIE PIC. Je vous avoue que tant qu’ils ne sont pas réalisés, j’évite d’en parler! Par principe et par superstition. En ce moment, les choses se mettent en place plus lentement. Avec le risque de virus qui plane sur nos têtes, le regard que je porte sur mes projets est différent. Je me dois d’être plus audacieux et d’inventer de l’inédit. Les signaux sont cependant excellents. Je suis enthousiasmée par le mariage des mets et des boissons. La recherche d’un accord «parfait» me fascine. Tout en sachant que des milliers de combinaisons existent.


ELLE SUISSE. Quelle est votre plus grande satisfaction aujourd’hui?

A.-S.P. Malgré le manque de vision à long terme, l’audace prend le dessus. On casse les codes, on s’écarte du système établi. Et c’est bien. On place le curseur à un endroit différent. Et là, je fais le plein d’énergie.

ELLE SUISSE. Votre mari est le PDG du Groupe Pic. Vous construisez en binôme, en étroite et continuelle collaboration. On sent qu’il nourrit beaucoup d’ambition pour vous…

A.-S.P. Effectivement. Quand la période est au doute, nous faisons des choix ensemble, en totale complicité. Lors du confinement, nous nous sommes retranchés dans notre maison de Valence. C’était un grand bouleversement pour moi. Et aussi le privilège, d’un moment de recul. Une façon de faire le point sur sa vie, une introspection inattendue mais finalement bénéfique.

ELLE SUISSE. Le fait que votre mari ne cesse de vouloir faire grandir votre entreprise, n’est-ce pas très stressant?

A.-S.P. C’est un excellent stress! À 50 ans, nous avons atteint une certaine maturité. Nous sommes dans la force de l’âge. Et surtout on sait ce que l’on veut. Nous vivons à l’heure de la construction, avec un certain esprit de modernité et d’ouverture. Notre expérience nous aide. Et sur le plan familial et privé, nous touchons du doigt une belle harmonie et un équilibre certain. Je suis une autodidacte et ma curiosité n’est jamais assouvie. J’ai aussi à cœur «d’élever» mes équipes. C’est avant tout une aventure humaine fascinante. Et aujourd’hui, je me passionne pour le vin et les dégustations.


ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre carrière…

A.-S.P. Je suis sensible aux rencontres. Elles peuvent changer notre vie! Et ma rencontre majeure, qui a fait basculer ma vie, est celle de mon maître de stage chez Moët et Chandon. C’était le directeur export de la marque de champagne en 1990. J’ai vécu quelque temps à Épernay. Par ses questions, son expertise, j’ai eu la chance de trouver mon chemin. Ma rencontre avec le Japon a aussi été essentielle. Cela m’a ouvert les yeux sur le monde. J’avais 22 ans lorsque je suis partie. Quelle belle influence sur ma vie.


ELLE SUISSE. Et vos rêves de vie justement?

A.-S.P. J’aimerais que le rêve continue et que mes rencontres soient inspirantes. Porter une parole rassurante, valorisante et positive sur notre métier me tient à cœur. Sur le plan plus personnel, je suis heureuse de sentir mon fils de 15 ans épanoui. Il est à l’heure des choix et je le sens acquérir une certaine indépendance. Pour une maman, c’est fantastique.


ELLE SUISSE. Comment vivez-vous un chagrin, enfermée dans votre coquille ou en l’exprimant avec force?

A.-S.P. Je ne suis pas quelqu’un qui boude! Et avec l’âge, je gagne en philosophie, tout en étant particulièrement bienveillante. Mais en tout premier lieu, J’aime la loyauté.


ELLE SUISSE. En amour, êtes-vous plutôt jalouse ou confiante?

A.-S.P. Je suis surtout romantique et sensible. J’ai besoin d’être en confiance avec l’être aimé. Je n’accorde pas ma confiance facilement, j’ai trop peur d’être déçue. L’amitié étant aussi une histoire d’amour. J’ai des amies qui sont comme des sœurs. Je suis extrêmement proche avec Christine Vernay du Domaine de Georges Vernay.


ELLE SUISSE. Qu’est-ce qui vous révolte dans la vie au quotidien?

A.-S.P. Je déteste l’injustice! Et cela me révolte. J’essaie, pour ma part, d’être toujours le plus juste possible. Je ne supporte pas le conflit. Le genre «diviser pour régner» ne fait pas partie de mes valeurs. Je crois davantage à l’union des forces et à l’harmonie au sein de mes équipes.


ELLE SUISSE. Qu’aimeriez-vous changer en vous?

A.-S.P. Mon côté susceptible, impulsive et soupe au lait. Je peux me laisser prendre par la vivacité du moment et je le regrette. Je tends à m’améliorer (rires).


ELLE SUISSE. Quelles sont les qualités, les forces dont vous vous félicitez?

A.-S.P. Je suis un être humble et j’ai une grande sensibilité. Je fais preuve de bienveillance, je déteste voir quelqu’un souffrir. Ma curiosité est exacerbée, je suis persévérante, je n’abandonne jamais, je suis perfectionniste et je cherche toujours à convaincre plutôt qu’à imposer.


ELLE SUISSE. Seriez-vous prête à tout quitter pour une aventure au bout du monde?

A.-S.P. Je vous avoue que je ne sais pas. Plus jeune, j’aurais pu vivre au Japon. Peut-être pourrais-je le faire encore? Et franchir ainsi le cap d’une rupture avec mon pays, mais ce serait uniquement avec mon fils et mon mari. Cependant, vivre où sont mes racines me rassure. A Valence, je peux me «nourrir» au quotidien du passé de ma famille. C’est important pour moi.

ELLE SUISSE. Un dicton que vous feriez vôtre?

A.-S.P. «Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin». Toujours mon sens de l’équipe!

ANNE-SOPHIE PIC est une femme d’exception. Seule Française cheffe à détenir trois étoiles au Guide Michelin. Elle totalise pour ses restaurants 8 étoiles Michelin, ce qui en fait la femme cheffe la plus étoilée du monde.

Notre rencontre avec Anne-Sophie remonte à dix ans lorsqu’elle reprend les rênes du restaurant du Beau-Rivage Palace à Lausanne.

Lors de notre première interview, nous sommes d’emblée séduits par cette jeune femme menue et fragile, à la personnalité pourtant si affirmée. Elle nous parlera d’une petite robe noire achetée pour être féminine et plaire à son mari. Sa sensibilité amoureuse nous a touchés.


ELLE SUISSE. Parlez-nous de vos nouveaux projets professionnels.

ANNE-SOPHIE PIC. Je vous avoue que tant qu’ils ne sont pas réalisés, j’évite d’en parler! Par principe et par superstition. En ce moment, les choses se mettent en place plus lentement. Avec le risque de virus qui plane sur nos têtes, le regard que je porte sur mes projets est différent. Je me dois d’être plus audacieux et d’inventer de l’inédit. Les signaux sont cependant excellents. Je suis enthousiasmée par le mariage des mets et des boissons. La recherche d’un accord «parfait» me fascine. Tout en sachant que des milliers de combinaisons existent.


ELLE SUISSE. Quelle est votre plus grande satisfaction aujourd’hui?

A.-S.P. Malgré le manque de vision à long terme, l’audace prend le dessus. On casse les codes, on s’écarte du système établi. Et c’est bien. On place le curseur à un endroit différent. Et là, je fais le plein d’énergie.

ELLE SUISSE. Votre mari est le PDG du Groupe Pic. Vous construisez en binôme, en étroite et continuelle collaboration. On sent qu’il nourrit beaucoup d’ambition pour vous…

A.-S.P. Effectivement. Quand la période est au doute, nous faisons des choix ensemble, en totale complicité. Lors du confinement, nous nous sommes retranchés dans notre maison de Valence. C’était un grand bouleversement pour moi. Et aussi le privilège, d’un moment de recul. Une façon de faire le point sur sa vie, une introspection inattendue mais finalement bénéfique.

ELLE SUISSE. Le fait que votre mari ne cesse de vouloir faire grandir votre entreprise, n’est-ce pas très stressant?

A.-S.P. C’est un excellent stress! À 50 ans, nous avons atteint une certaine maturité. Nous sommes dans la force de l’âge. Et surtout on sait ce que l’on veut. Nous vivons à l’heure de la construction, avec un certain esprit de modernité et d’ouverture. Notre expérience nous aide. Et sur le plan familial et privé, nous touchons du doigt une belle harmonie et un équilibre certain. Je suis une autodidacte et ma curiosité n’est jamais assouvie. J’ai aussi à cœur «d’élever» mes équipes. C’est avant tout une aventure humaine fascinante. Et aujourd’hui, je me passionne pour le vin et les dégustations.


ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre carrière…

A.-S.P. Je suis sensible aux rencontres. Elles peuvent changer notre vie! Et ma rencontre majeure, qui a fait basculer ma vie, est celle de mon maître de stage chez Moët et Chandon. C’était le directeur export de la marque de champagne en 1990. J’ai vécu quelque temps à Épernay. Par ses questions, son expertise, j’ai eu la chance de trouver mon chemin. Ma rencontre avec le Japon a aussi été essentielle. Cela m’a ouvert les yeux sur le monde. J’avais 22 ans lorsque je suis partie. Quelle belle influence sur ma vie.


ELLE SUISSE. Et vos rêves de vie justement?

A.-S.P. J’aimerais que le rêve continue et que mes rencontres soient inspirantes. Porter une parole rassurante, valorisante et positive sur notre métier me tient à cœur. Sur le plan plus personnel, je suis heureuse de sentir mon fils de 15 ans épanoui. Il est à l’heure des choix et je le sens acquérir une certaine indépendance. Pour une maman, c’est fantastique.


ELLE SUISSE. Comment vivez-vous un chagrin, enfermée dans votre coquille ou en l’exprimant avec force?

A.-S.P. Je ne suis pas quelqu’un qui boude! Et avec l’âge, je gagne en philosophie, tout en étant particulièrement bienveillante. Mais en tout premier lieu, J’aime la loyauté.


ELLE SUISSE. En amour, êtes-vous plutôt jalouse ou confiante?

A.-S.P. Je suis surtout romantique et sensible. J’ai besoin d’être en confiance avec l’être aimé. Je n’accorde pas ma confiance facilement, j’ai trop peur d’être déçue. L’amitié étant aussi une histoire d’amour. J’ai des amies qui sont comme des sœurs. Je suis extrêmement proche avec Christine Vernay du Domaine de Georges Vernay.


ELLE SUISSE. Qu’est-ce qui vous révolte dans la vie au quotidien?

A.-S.P. Je déteste l’injustice! Et cela me révolte. J’essaie, pour ma part, d’être toujours le plus juste possible. Je ne supporte pas le conflit. Le genre «diviser pour régner» ne fait pas partie de mes valeurs. Je crois davantage à l’union des forces et à l’harmonie au sein de mes équipes.


ELLE SUISSE. Qu’aimeriez-vous changer en vous?

A.-S.P. Mon côté susceptible, impulsive et soupe au lait. Je peux me laisser prendre par la vivacité du moment et je le regrette. Je tends à m’améliorer (rires).


ELLE SUISSE. Quelles sont les qualités, les forces dont vous vous félicitez?

A.-S.P. Je suis un être humble et j’ai une grande sensibilité. Je fais preuve de bienveillance, je déteste voir quelqu’un souffrir. Ma curiosité est exacerbée, je suis persévérante, je n’abandonne jamais, je suis perfectionniste et je cherche toujours à convaincre plutôt qu’à imposer.


ELLE SUISSE. Seriez-vous prête à tout quitter pour une aventure au bout du monde?

A.-S.P. Je vous avoue que je ne sais pas. Plus jeune, j’aurais pu vivre au Japon. Peut-être pourrais-je le faire encore? Et franchir ainsi le cap d’une rupture avec mon pays, mais ce serait uniquement avec mon fils et mon mari. Cependant, vivre où sont mes racines me rassure. A Valence, je peux me «nourrir» au quotidien du passé de ma famille. C’est important pour moi.

ELLE SUISSE. Un dicton que vous feriez vôtre?

A.-S.P. «Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin». Toujours mon sens de l’équipe!