Rencontre avec Brigitte Rosset

10 mai 2021 · Modifié · Anne-Marie Philippe

Brigitte Rosset, comédienne et humoriste, affiche un moral d’enfer. Une incorrigible positive qui transforme les situations les plus délicates en cadeaux du ciel. Et sa créativité nous réserve quelques jolies surprises.

En attendant que tous les théâtres ouvrent, le spectacle de Brigitte Rosset va continuer sa tournée dans toute la Suisse romande. Mijotée avec talent «Ma cuisine intérieure» est une adaptation de son spectacle à savourer dans notre salon. C’est son 5ème seule en scène à visionner, en famille ou entre amis, chez vous. Pour ce faire, Brigitte a créé une nouvelle plate-forme digitale de diffusion «c-chezvous.ch». Et ce n’est pas une simple captation. «Je m’adresse aux spectateurs, je les entraîne dans les coulisses, le spectacle est vivant… Cela ne remplace pas les arts vivants mais qui sait, à l’avenir, ils pourront être créés en parallèle et cohabiter intelligemment», s’enthousiasme l’artiste.

ELLE SUISSE. Quelle est votre plus grande satisfaction ou grand bonheur aujourd’hui?

BRIGITTE ROSSET. Peut-être n’est-ce pas original, mais ce qui m’insuffle du bonheur est de sentir mes enfants et mon amoureux, heureux. J’ai le sentiment d’y contribuer et chacun sait combien cela demande de soins au quotidien.

ELLE SUISSE. Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie et justement votre vie qu’en pensez-vous?

B.R. Je me trouve très chanceuse. J’aime ma vie. Je travaille beaucoup, mais j’ai eu le privilège de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Chaque jour que je vis ne ressemble à aucun autre. N’est-ce pas merveilleux? Je n’aimerais pas que ça s’arrête.

ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie ou votre carrière…

B.R. J’ai eu la chance de travailler avec Georges Wod. Il m’a engagée lorsque j’avais 23 ans. Sans lui, je n’aurais jamais imaginé, faire du théâtre, mon métier. Jusqu’à son décès, il y a une dizaine d’années, il m’a suivie, encouragée. Comme quoi, les rencontres guident nos vies.

ELLE SUISSE. Et si on parlait de vos rêves…

B.R. Aucun rêve immense. Peut-être que je manque d’ambition! (Rires). Je peux dire que je fais de ma vie un rêve et d’un rêve, une réalité. Disons que j’ai très envie d’aller à la mer. Le grand large me manque.

ELLE SUISSE. Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?

B.R. Absolument. Et je suis davantage, aujourd’hui, connectée à mon être profond qu’il y a dix ans. Je me connais mieux. Je ne tiens plus les discours qu’on attend de moi et je ne me force plus à faire des choses qui ne me correspondent pas. À l’époque, il m’est arrivé de me dire: «Mais qu’est-ce que je fais là?»

ELLE SUISSE. Comment vivez-vous cette période particulière?

B.R. Il est vrai qu’au début, c’était difficile. On se sent impuissant. Les spectacles s’annulaient les uns après les autres. Et ce n’est pas ma nature de rester à ne rien faire! Mais au fil du temps, j’ai trouvé mon chemin et certaines choses positives me sont apparues, comme le fait d’avoir du temps, de ralentir…  J’ai pu me promener en montagne. J’y vis la plupart du temps. Une façon de prendre de la hauteur sur les évènements de la vie.

ELLE SUISSE. Comment vivez-vous un chagrin, vous vous enfermez dans votre coquille ou vous avez besoin de tous les êtres aimés autour de vous pour le surmonter?

B.R. Au début de l’épreuve, j’ai besoin d’être seule. Je ne veux pas qu’on me voie pleurer. Mais dans un deuxième temps, je dois sentir l’amour et le soutien des êtres que j’aime. À la mort de ma maman en janvier dernier, juste avant la pandémie, être entourée de mon frère et de mes deux sœurs s’est avéré un cadeau de la vie. Maman est décédée d’un AVC. Pourtant, elle pétait le feu. L’année 2020 est particulière pour moi. Je me suis retrouvée orpheline (j’ai perdu mon père jeune) et j’allais avoir 50 ans!

ELLE SUISSE. Vous affichez cependant une belle sérénité. L’amour?

B.R. Ah l’amour, ça aide beaucoup! C’est beau de se sentir aimée et de pouvoir partager. Bien que rien ne soit jamais acquis. L’amour rassure car on construit là-dessus.

ELLE SUISSE. En amour, vous êtes d’un tempérament jaloux ou totalement confiant?

B.R. J’ai pu être jalouse. Et à l’époque, j’avais raison de l’être. On me mettait dans des situations compliquées. Aujourd’hui, je le suis très faiblement. La confiance a pris le dessus.

ELLE SUISSE. Qu’est-ce qui pourrait vous interpeller ou révolter dans la vie au quotidien?

B.R. En général, l’injustice et la mauvaise foi me font sortir de mes gonds. Au début de la pandémie, j’ai été très attristée par le sort des personnes âgées en EMS qui ne pouvaient ni recevoir leur famille, ni sortir. Un EMS à Neuchâtel avait lancé un appel pour qu’on leur envoie des dessins, des petits mots, des cartes postales. J’ai envoyé une lettre. C’était peu de chose face à l’impuissance que je ressentais.

ELLE SUISSE. Qu’aimeriez-vous changer dans votre existence aujourd’hui?

B.R. Rien!

ELLE SUISSE. Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?

B.R. Mon enthousiasme. Je suis toujours prête à m’enflammer.

ELLE SUISSE. Et vos défauts… ceux qui vous dérangent vraiment?

B.R. Le pendant de mon enthousiasme, l’impatience! Je supporte mal les gens qui parlent lentement ou lorsqu’on me fait attendre des heures au téléphone. Pour moi, il faut que tout aille vie.

ELLE SUISSE. Votre métier, votre passion, une thérapie?

B.R. Je n’ai connu aucune thérapie qui m’ait fait du bien. Alors mon métier, pourquoi pas? Et au contraire d’une thérapie, c’est moi qu’on paie pour me faire du bien. (Rires).

ELLE SUISSE. Être femme, une force?

B.R. Oui, une vraie force! Je suis contente de ne pas être un homme. La femme, c’est la force tranquille. Bien sûr, il y a encore quelques inégalités et des raisons de se battre, mais on a les armes.

Brigitte Rosset, comédienne et humoriste, affiche un moral d’enfer. Une incorrigible positive qui transforme les situations les plus délicates en cadeaux du ciel. Et sa créativité nous réserve quelques jolies surprises.

En attendant que tous les théâtres ouvrent, le spectacle de Brigitte Rosset va continuer sa tournée dans toute la Suisse romande. Mijotée avec talent «Ma cuisine intérieure» est une adaptation de son spectacle à savourer dans notre salon. C’est son 5ème seule en scène à visionner, en famille ou entre amis, chez vous. Pour ce faire, Brigitte a créé une nouvelle plate-forme digitale de diffusion «c-chezvous.ch». Et ce n’est pas une simple captation. «Je m’adresse aux spectateurs, je les entraîne dans les coulisses, le spectacle est vivant… Cela ne remplace pas les arts vivants mais qui sait, à l’avenir, ils pourront être créés en parallèle et cohabiter intelligemment», s’enthousiasme l’artiste.

ELLE SUISSE. Quelle est votre plus grande satisfaction ou grand bonheur aujourd’hui?

BRIGITTE ROSSET. Peut-être n’est-ce pas original, mais ce qui m’insuffle du bonheur est de sentir mes enfants et mon amoureux, heureux. J’ai le sentiment d’y contribuer et chacun sait combien cela demande de soins au quotidien.

ELLE SUISSE. Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie et justement votre vie qu’en pensez-vous?

B.R. Je me trouve très chanceuse. J’aime ma vie. Je travaille beaucoup, mais j’ai eu le privilège de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Chaque jour que je vis ne ressemble à aucun autre. N’est-ce pas merveilleux? Je n’aimerais pas que ça s’arrête.

ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie ou votre carrière…

B.R. J’ai eu la chance de travailler avec Georges Wod. Il m’a engagée lorsque j’avais 23 ans. Sans lui, je n’aurais jamais imaginé, faire du théâtre, mon métier. Jusqu’à son décès, il y a une dizaine d’années, il m’a suivie, encouragée. Comme quoi, les rencontres guident nos vies.

ELLE SUISSE. Et si on parlait de vos rêves…

B.R. Aucun rêve immense. Peut-être que je manque d’ambition! (Rires). Je peux dire que je fais de ma vie un rêve et d’un rêve, une réalité. Disons que j’ai très envie d’aller à la mer. Le grand large me manque.

ELLE SUISSE. Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?

B.R. Absolument. Et je suis davantage, aujourd’hui, connectée à mon être profond qu’il y a dix ans. Je me connais mieux. Je ne tiens plus les discours qu’on attend de moi et je ne me force plus à faire des choses qui ne me correspondent pas. À l’époque, il m’est arrivé de me dire: «Mais qu’est-ce que je fais là?»

ELLE SUISSE. Comment vivez-vous cette période particulière?

B.R. Il est vrai qu’au début, c’était difficile. On se sent impuissant. Les spectacles s’annulaient les uns après les autres. Et ce n’est pas ma nature de rester à ne rien faire! Mais au fil du temps, j’ai trouvé mon chemin et certaines choses positives me sont apparues, comme le fait d’avoir du temps, de ralentir…  J’ai pu me promener en montagne. J’y vis la plupart du temps. Une façon de prendre de la hauteur sur les évènements de la vie.

ELLE SUISSE. Comment vivez-vous un chagrin, vous vous enfermez dans votre coquille ou vous avez besoin de tous les êtres aimés autour de vous pour le surmonter?

B.R. Au début de l’épreuve, j’ai besoin d’être seule. Je ne veux pas qu’on me voie pleurer. Mais dans un deuxième temps, je dois sentir l’amour et le soutien des êtres que j’aime. À la mort de ma maman en janvier dernier, juste avant la pandémie, être entourée de mon frère et de mes deux sœurs s’est avéré un cadeau de la vie. Maman est décédée d’un AVC. Pourtant, elle pétait le feu. L’année 2020 est particulière pour moi. Je me suis retrouvée orpheline (j’ai perdu mon père jeune) et j’allais avoir 50 ans!

ELLE SUISSE. Vous affichez cependant une belle sérénité. L’amour?

B.R. Ah l’amour, ça aide beaucoup! C’est beau de se sentir aimée et de pouvoir partager. Bien que rien ne soit jamais acquis. L’amour rassure car on construit là-dessus.

ELLE SUISSE. En amour, vous êtes d’un tempérament jaloux ou totalement confiant?

B.R. J’ai pu être jalouse. Et à l’époque, j’avais raison de l’être. On me mettait dans des situations compliquées. Aujourd’hui, je le suis très faiblement. La confiance a pris le dessus.

ELLE SUISSE. Qu’est-ce qui pourrait vous interpeller ou révolter dans la vie au quotidien?

B.R. En général, l’injustice et la mauvaise foi me font sortir de mes gonds. Au début de la pandémie, j’ai été très attristée par le sort des personnes âgées en EMS qui ne pouvaient ni recevoir leur famille, ni sortir. Un EMS à Neuchâtel avait lancé un appel pour qu’on leur envoie des dessins, des petits mots, des cartes postales. J’ai envoyé une lettre. C’était peu de chose face à l’impuissance que je ressentais.

ELLE SUISSE. Qu’aimeriez-vous changer dans votre existence aujourd’hui?

B.R. Rien!

ELLE SUISSE. Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?

B.R. Mon enthousiasme. Je suis toujours prête à m’enflammer.

ELLE SUISSE. Et vos défauts… ceux qui vous dérangent vraiment?

B.R. Le pendant de mon enthousiasme, l’impatience! Je supporte mal les gens qui parlent lentement ou lorsqu’on me fait attendre des heures au téléphone. Pour moi, il faut que tout aille vie.

ELLE SUISSE. Votre métier, votre passion, une thérapie?

B.R. Je n’ai connu aucune thérapie qui m’ait fait du bien. Alors mon métier, pourquoi pas? Et au contraire d’une thérapie, c’est moi qu’on paie pour me faire du bien. (Rires).

ELLE SUISSE. Être femme, une force?

B.R. Oui, une vraie force! Je suis contente de ne pas être un homme. La femme, c’est la force tranquille. Bien sûr, il y a encore quelques inégalités et des raisons de se battre, mais on a les armes.