Comment la génération Z est en train de métamorphoser la médecine esthétique

De la promotion de l’inclusivité à la transparence chirurgicale, la jeunesse modifie la façon dont nous abordons l’esthétique.

L’industrie de l’esthétique médicale subit une transformation majeure. Alors que les prévisions de développement se révèlent optimistes, avec un taux de croissance annuel prévu de 26 % d’ici 2026 selon le célèbre cabinet international de conseil en stratégie McKinsey, cette dernière doit désormais composer avec de nouveaux défis. Car malgré sa remarquable résilience dans des secteurs comme les produits d’acide hyaluronique, les biostimulateurs et les neuromodulateurs, l’émergence de la génération Z en tant que clientèle clé impose à ce secteur une approche différente.

Liberté d’expression sans limite

Selon le rapport « Augmenting Beauty with Generation Z« , N Global met en lumière une tendance significative: d’après une enquête réalisée en 2022 par l’American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery, environ 75 % des chirurgiens plasticiens spécialisés dans le visage ont constaté une hausse significative des demandes de chirurgie esthétique de la part des moins de 30 ans. Les traitements mini-invasifs les plus courants comprennent les neurotoxines, les produits de comblement et les peelings topiques, tandis que les interventions chirurgicales les plus recherchées incluent les liftings, les blépharoplasties et, particulièrement chez les moins de 34 ans, les rhinoplasties.

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Dans le paysage actuel de l’esthétique, la transparence chirurgicale et les procédures préventives alignées sur les modes de vie axés sur le bien-être et la longévité ont relégué au passé l’approche hermétique qui caractérisait autrefois ce domaine. Olivia Houghton, analyste beauté et rédactrice en chef de la prospective créative chez The Future Laboratory, souligne que la génération Z remet en question les anciennes normes et valorise une identité fluide et en constante évolution. Cette tendance se reflète d’ailleurs dans la demande croissante pour une esthétique médicale qui soutient pleinement les identités sans genre et permet aux individus de s’exprimer esthétiquement selon leurs désirs. Selon elle, pour la génération Z, les normes de genre sont dépassées, et doivent laisser place à une liberté d’expression esthétique sans limites.

Il y a une évolution vers l’inclusivité, et la montée en puissance des traitements non genrés n’est qu’un aperçu du changement dans le domaine de la beauté en général.

Dr Timm Golueke, dermatologue certifié et fondateur de Royal Fern Skincare

La fin du genre

Selon le Dr Timm Golueke, dermatologue certifié et fondateur de Royal Fern Skincare, l’objectif est désormais de trouver le bonheur dans sa propre peau, en cherchant des procédures qui permettent à l’apparence physique de correspondre authentiquement à l’identité de chacun. Natali Kelly, praticienne en esthétique, confirme cette tendance dans sa clinique: « J’ai remarqué une augmentation de la demande des produits de comblement cutané sans distinction de sexe, afin de sculpter et de redéfinir les contours du visage pour obtenir des lignes plus douces et plus nettes. »

Mais, dans une industrie qui a traditionnellement abordé le genre et la diversité sous un angle singulier, à quoi ressemble l’esthétique sans genre aujourd’hui et dans le futur? Si l’on en croit la Dre Jessica Halliley, praticienne GetHarley, il faut avant tout considérer l’anatomie du visage: «L’anatomie génétique du visage masculin et féminin diffère. Une approche globale est nécessaire lors d’un traitement dans le cadre de la neutralité de genre », partage-t-elle. Pour la spécialiste, les patients assignés à un homme à la naissance par rapport à une femme ont des sourcils plus plats, des pommettes inférieures, un nez et un menton plus larges et une mâchoire plus carrée et plus définie. «Ces zones anatomiques peuvent être traitées avec esthétique pour une neutralité de genre», poursuit-t-elle. Quant aux zones que les injectables peuvent redéfinir, « les zones les plus efficaces à traiter sont les mâchoires et les joues, puis le positionnement des lèvres et des sourcils. Cela aide à donner la restructuration appropriée requise ».

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Parallèlement à ce changement dans le débat sur les traitements non genrés, une tendance émerge également chez ceux qui s’identifient comme hommes et femmes, avec une augmentation significative des demandes. Les médias sociaux témoignent d’une augmentation marquée des interventions esthétiques chez les jeunes, avec une prédominance de personnes de moins de 25 ans, dont 60 % sont des hommes. Les normes de genre traditionnelles sont remises en question, avec des hommes recherchant des lèvres plus pleines et des traits plus doux, tandis que certaines femmes désirent des mâchoires plus définies.

Selon le Dr Troy Pittman, chirurgien plasticien chez Somenek+PittmanMD, à Washington, DC et New York, les traitements esthétiques ne sont plus limités par les identités de genre strictes. « Les frontières deviendront floues au-delà des frontières entre les sexes, sauf pour les populations non binaires en transition ; l’accent sera davantage axé sur les tendances, c’est-à-dire le « traptox » et les « yeux de renard », plutôt que sur le genre », précise quant à lui le Dr Ewoma Ukeleghe , docteur en médecine et cosmétique. Ainsi, l’esthétique de l’avenir ne sera plus déterminée par des normes de genre préétablies, mais par des tendances et des besoins individuels.

Revoir les codes publicitaires

Malgré les progrès observés dans certains domaines, les experts soulignent qu’il reste des lacunes à combler. Le Dr Rasha Rahkshani insiste sur un point: « Il est très important qu’en dehors des praticiens, l’inclusivité se reflète tout autant dans le marketing et la publicité pour remettre en question les idéaux dépassés de beauté et les normes de genre ». Selon cette spécialiste en esthétique, l’industrie, qui a historiquement mis en avant des traitements axés sur les femmes caucasiennes et des représentations souvent stéréotypées des formes féminines et masculines, doit encore élargir son champ de vision pour inclure une plus grande diversité de patients.

Le Dr Halliley souligne par ailleurs le besoin d’une évolution dans les publicités pour mieux célébrer la neutralité de genre. Il note que la plupart des annonces continuent de cibler principalement les femmes, avec moins d’attention portée aux hommes, et une approche globale encore trop rare. Ainsi, malgré les avancées, l’industrie esthétique doit poursuivre ses efforts pour promouvoir une représentation plus inclusive et diversifiée dans tous les aspects de son activité.

Une autre considération cruciale pour progresser dans le domaine de l’esthétique réside, d’après les experts, dans le langage utilisé par les praticiens lors de leurs échanges avec les patients. « Un dialogue ouvert et bidirectionnel, aligné sur les objectifs de beauté du patient, est essentiel », affirme le Dr Ewoma. De son côté, le Dr Halliley insiste sur l’importance d’une consultation approfondie entre le praticien et le patient, mettant l’accent sur l’écoute des préoccupations du patient et ses aspirations, plutôt que de dicter automatiquement les conseils en fonction des normes de genre historiques.

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Alors que de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et les exosomes pour le rajeunissement de la peau émergent, une refonte esthétique autour du genre et de l’inclusivité est également en cours. Le Dr Francis note une évolution vers une publicité plus inclusive dans l’industrie des produits de comblement cutané, mais souligne la nécessité de continuer à éduquer les praticiens sur la neutralité de genre et l’inclusivité: « L’esthétique des patients peut changer la vie et renforcer considérablement la confiance en soi. Il appartient donc à l’industrie de fournir cet espace accueillant et ouvert. C’est pour cette raison que nous pouvons nous attendre à ce que l’esthétique médicale se concentre sur des modifications cosmétiques adaptées à l’individu, laissant de côté les stéréotypes surannés de genre alors que la beauté, l’identité et l’esthétique continueront de s’estomper pour le consommateur en évolution. »

Autrice: Nateisha Scott
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur 
elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : génération z · médecine · analyse

De la promotion de l’inclusivité à la transparence chirurgicale, la jeunesse modifie la façon dont nous abordons l’esthétique.

L’industrie de l’esthétique médicale subit une transformation majeure. Alors que les prévisions de développement se révèlent optimistes, avec un taux de croissance annuel prévu de 26 % d’ici 2026 selon le célèbre cabinet international de conseil en stratégie McKinsey, cette dernière doit désormais composer avec de nouveaux défis. Car malgré sa remarquable résilience dans des secteurs comme les produits d’acide hyaluronique, les biostimulateurs et les neuromodulateurs, l’émergence de la génération Z en tant que clientèle clé impose à ce secteur une approche différente.

Liberté d’expression sans limite

Selon le rapport « Augmenting Beauty with Generation Z« , N Global met en lumière une tendance significative: d’après une enquête réalisée en 2022 par l’American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery, environ 75 % des chirurgiens plasticiens spécialisés dans le visage ont constaté une hausse significative des demandes de chirurgie esthétique de la part des moins de 30 ans. Les traitements mini-invasifs les plus courants comprennent les neurotoxines, les produits de comblement et les peelings topiques, tandis que les interventions chirurgicales les plus recherchées incluent les liftings, les blépharoplasties et, particulièrement chez les moins de 34 ans, les rhinoplasties.

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Dans le paysage actuel de l’esthétique, la transparence chirurgicale et les procédures préventives alignées sur les modes de vie axés sur le bien-être et la longévité ont relégué au passé l’approche hermétique qui caractérisait autrefois ce domaine. Olivia Houghton, analyste beauté et rédactrice en chef de la prospective créative chez The Future Laboratory, souligne que la génération Z remet en question les anciennes normes et valorise une identité fluide et en constante évolution. Cette tendance se reflète d’ailleurs dans la demande croissante pour une esthétique médicale qui soutient pleinement les identités sans genre et permet aux individus de s’exprimer esthétiquement selon leurs désirs. Selon elle, pour la génération Z, les normes de genre sont dépassées, et doivent laisser place à une liberté d’expression esthétique sans limites.

Il y a une évolution vers l’inclusivité, et la montée en puissance des traitements non genrés n’est qu’un aperçu du changement dans le domaine de la beauté en général.

Dr Timm Golueke, dermatologue certifié et fondateur de Royal Fern Skincare

La fin du genre

Selon le Dr Timm Golueke, dermatologue certifié et fondateur de Royal Fern Skincare, l’objectif est désormais de trouver le bonheur dans sa propre peau, en cherchant des procédures qui permettent à l’apparence physique de correspondre authentiquement à l’identité de chacun. Natali Kelly, praticienne en esthétique, confirme cette tendance dans sa clinique: « J’ai remarqué une augmentation de la demande des produits de comblement cutané sans distinction de sexe, afin de sculpter et de redéfinir les contours du visage pour obtenir des lignes plus douces et plus nettes. »

Mais, dans une industrie qui a traditionnellement abordé le genre et la diversité sous un angle singulier, à quoi ressemble l’esthétique sans genre aujourd’hui et dans le futur? Si l’on en croit la Dre Jessica Halliley, praticienne GetHarley, il faut avant tout considérer l’anatomie du visage: «L’anatomie génétique du visage masculin et féminin diffère. Une approche globale est nécessaire lors d’un traitement dans le cadre de la neutralité de genre », partage-t-elle. Pour la spécialiste, les patients assignés à un homme à la naissance par rapport à une femme ont des sourcils plus plats, des pommettes inférieures, un nez et un menton plus larges et une mâchoire plus carrée et plus définie. «Ces zones anatomiques peuvent être traitées avec esthétique pour une neutralité de genre», poursuit-t-elle. Quant aux zones que les injectables peuvent redéfinir, « les zones les plus efficaces à traiter sont les mâchoires et les joues, puis le positionnement des lèvres et des sourcils. Cela aide à donner la restructuration appropriée requise ».

A lire aussi: Peau endommagée: voici le guide le plus complet pour la réparer

Parallèlement à ce changement dans le débat sur les traitements non genrés, une tendance émerge également chez ceux qui s’identifient comme hommes et femmes, avec une augmentation significative des demandes. Les médias sociaux témoignent d’une augmentation marquée des interventions esthétiques chez les jeunes, avec une prédominance de personnes de moins de 25 ans, dont 60 % sont des hommes. Les normes de genre traditionnelles sont remises en question, avec des hommes recherchant des lèvres plus pleines et des traits plus doux, tandis que certaines femmes désirent des mâchoires plus définies.

Selon le Dr Troy Pittman, chirurgien plasticien chez Somenek+PittmanMD, à Washington, DC et New York, les traitements esthétiques ne sont plus limités par les identités de genre strictes. « Les frontières deviendront floues au-delà des frontières entre les sexes, sauf pour les populations non binaires en transition ; l’accent sera davantage axé sur les tendances, c’est-à-dire le « traptox » et les « yeux de renard », plutôt que sur le genre », précise quant à lui le Dr Ewoma Ukeleghe , docteur en médecine et cosmétique. Ainsi, l’esthétique de l’avenir ne sera plus déterminée par des normes de genre préétablies, mais par des tendances et des besoins individuels.

Revoir les codes publicitaires

Malgré les progrès observés dans certains domaines, les experts soulignent qu’il reste des lacunes à combler. Le Dr Rasha Rahkshani insiste sur un point: « Il est très important qu’en dehors des praticiens, l’inclusivité se reflète tout autant dans le marketing et la publicité pour remettre en question les idéaux dépassés de beauté et les normes de genre ». Selon cette spécialiste en esthétique, l’industrie, qui a historiquement mis en avant des traitements axés sur les femmes caucasiennes et des représentations souvent stéréotypées des formes féminines et masculines, doit encore élargir son champ de vision pour inclure une plus grande diversité de patients.

Le Dr Halliley souligne par ailleurs le besoin d’une évolution dans les publicités pour mieux célébrer la neutralité de genre. Il note que la plupart des annonces continuent de cibler principalement les femmes, avec moins d’attention portée aux hommes, et une approche globale encore trop rare. Ainsi, malgré les avancées, l’industrie esthétique doit poursuivre ses efforts pour promouvoir une représentation plus inclusive et diversifiée dans tous les aspects de son activité.

Une autre considération cruciale pour progresser dans le domaine de l’esthétique réside, d’après les experts, dans le langage utilisé par les praticiens lors de leurs échanges avec les patients. « Un dialogue ouvert et bidirectionnel, aligné sur les objectifs de beauté du patient, est essentiel », affirme le Dr Ewoma. De son côté, le Dr Halliley insiste sur l’importance d’une consultation approfondie entre le praticien et le patient, mettant l’accent sur l’écoute des préoccupations du patient et ses aspirations, plutôt que de dicter automatiquement les conseils en fonction des normes de genre historiques.

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Alors que de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et les exosomes pour le rajeunissement de la peau émergent, une refonte esthétique autour du genre et de l’inclusivité est également en cours. Le Dr Francis note une évolution vers une publicité plus inclusive dans l’industrie des produits de comblement cutané, mais souligne la nécessité de continuer à éduquer les praticiens sur la neutralité de genre et l’inclusivité: « L’esthétique des patients peut changer la vie et renforcer considérablement la confiance en soi. Il appartient donc à l’industrie de fournir cet espace accueillant et ouvert. C’est pour cette raison que nous pouvons nous attendre à ce que l’esthétique médicale se concentre sur des modifications cosmétiques adaptées à l’individu, laissant de côté les stéréotypes surannés de genre alors que la beauté, l’identité et l’esthétique continueront de s’estomper pour le consommateur en évolution. »

Autrice: Nateisha Scott
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur 
elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : génération z · médecine · analyse