Rebecca Ruiz, conseillère d’état: « Les positions qui jugent sans nuance m’insupportent »

La cheffe du Département de la santé et de l’action sociale, la quarantaine, est grande, élancée et belle. Maman de deux petites filles, elle s’emploie à ne jamais rater le repas du soir et travaille après.

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Il y a quelques mois, Rebecca Ruiz nous recevait dans ses bureaux du Conseil d’état pour la présentation d’une nouvelle fondation en lien avec l’entreprise et la santé des collaborateurs. Bien qu’entourée de son équipe, nous sentions toute son attention. C’était loin de l’idée que nous nous faisions de ce genre d’entretien. Sa chaleur humaine, sa sincérité nous a touchés. L’idée de la connaître mieux nous a paru évidente. Nous nous sommes revues dans le cadre du Royal Savoy et l’interview s’est déroulée comme un échange authentique et complice.

ELLE: Madame la conseillère d’État, parlez-nous de vos ambitions professionnelles… Comment vous projetez-vous dans 20 ans?
Rebecca Ruiz: Ce que je sais, c’est que je ne ferai plus de la politique! Depuis l’âge de mes 20 ans, j’ai mis ma vie au service de mes idéaux. J’ai eu des mandats dans des fonctions différentes et aujourd’hui j’assume de grandes responsabilités. Il ne faut pas se mentir, l’engagement politique demande des sacrifices personnels et il faut aussi savoir céder sa place le moment venu.

A lire aussi: « Je milite pour une biodiversité de la parole »: avec Anne Ghesquière, créatrice du podcast Métamorphose

Devenir conseillère fédérale n’est donc pas un projet…
Absolument pas! D’ailleurs, il faut mille constellations pour accéder au Conseil fédéral. Je suis honorée de la confiance de la population et de ma réélection. J’aime mon travail et je le fais en mon âme et conscience. Je souhaite aller jusqu’au bout de mon mandat – le terminer sera déjà très satisfaisant.

Vous sentez de la fierté dans le regard de vos filles de 11 et 7 ans?
Il arrive que l’on m’interpelle dans la rue dans le cadre de mes fonctions. Quand mes filles sont avec moi, je sens de la fierté dans leurs yeux.

Depuis l’âge de mes 20 ans, j’ai mis ma vie au service de mes idéaux.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Qu’est-ce qui vous rend heureuse dans votre mission politique?
Mes actions au quotidien, toutes ces décisions qu’il faut prendre et qui impactent concrètement la vie des gens. Pouvoir changer ou maintenir les conditions d’existence de certaines personnes est un challenge permanent. Les aider est une grande satisfaction. C’est ça la politique pour moi. Je tiens à lire les lettres qui me sont adressées même, si la plupart du temps, je dois déléguer le suivi et les réponses. Je suis sensible aux appels à l’aide, aux détresses.

Votre double culture, espagnole et suisse, une force?
Une immense richesse. Mes parents m’ont inculqué de belles valeurs de solidarité et d’entraide. Mon père était assistant social, pasteur de formation. J’ai été élevée avec des valeurs chrétiennes. Aussi, lui comme ma mère se sont toujours engagés en politique, au service de la communauté.

A lire aussi: « Les femmes ont le droit de vieillir en paix! »: avec Delphine Bachmann, nouveau souffle genevois

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?
J’ai vécu une épreuve très éprouvante durant la grossesse de ma deuxième fille. J’ai dû rester alitée de longues semaines sans savoir si mon bébé allait survivre. Un gros hématome s’était formé et je priais pour qu’il se résorbe, sachant que j’avais une chance sur deux que le bébé résiste et je voulais y croire. Je lui parlais intérieurement pour que ma fille lutte avec moi dans cette bataille! Mon aînée de
3 ans et demi ne comprenait pas pourquoi sa maman devait rester au lit. La journée, je passais beaucoup de temps à contempler un arbre à ma fenêtre, j’observais toute la vie qui se déroulait autour de lui. Mon père m’avait offert une paire de jumelles pour qu’aucun détail ne m’échappe. Je lisais beaucoup et je regardais des séries à la télévision.

Pouvoir changer ou maintenir les conditions d’existence de certaines personnes est un challenge permanent.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Comment vivez-vous vos chagrins, vous vous exprimez ou vous vous enfermez dans votre coquille?
Je reste assez pudique, je me livre peu. Je suis cependant émotive et je pleure facilement. J’ai versé ma petite larme l’autre jour au départ d’un de mes proches collaborateurs.

Quel genre d’amoureuse êtes-vous? Volcanique ou plutôt sage?
Je suis plutôt quelqu’un qui évolue dans le contrôle, dans la maîtrise des choses. Cela ne m’empêche pas d’avoir un tempérament sanguin. Je tente de faire en sorte qu’il ne se révèle que dans ma vie privée, et non lorsque je travaille.

Êtes-vous plutôt jalouse ou confiante?
Je peux être jalouse bien sûr, mais sans excès. Être jaloux, c’est aussi ne pas vraiment se faire confiance.

Être jaloux, c’est aussi ne pas vraiment se faire confiance.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Qu’est-ce qui pourrait vous révolter au quotidien?
Quand les services publics ne fonctionnent pas! La maltraitance envers les enfants m’indigne aussi et depuis toujours. C’est un domaine qui me touche particulièrement.

Quelles sont les qualités, les forces dont vous pouvez vous féliciter?
Je suis endurante. Et je l’ai réellement découvert pendant les deux ans du Covid. J’ai fait au mieux pour gérer, en tenant bon dans un contexte hostile.

Si on parle de vos plus jolis souvenirs d’enfance, à quoi pensez-vous?
Mes vacances en Andalousie. Mes parents me déposaient à l’avion avec ma pancarte au cou et je retrouvais ma famille espagnole au bout du voyage. J’y passais toutes mes vacances, entourée de mes grands-parents, de mes tantes et cousins. C’est un souvenir merveilleux.

A lire aussi: Directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer: « Mon travail donne un sens à ma vie »

Quels sont vos loisirs préférés, loin de la politique…
J’aime beaucoup les séries TV, le théâtre et je suis aussi une grande lectrice. J’essaie de faire du sport régulièrement. J’ai une application sur mon téléphone et l’été, je privilégie la nage.

Quel serait votre dicton préféré?
Ne jamais jeter la première pierre! Les positions qui jugent de manière péremptoire, sans nuance, m’insupportent.

Les positions qui jugent de manière péremptoire, sans nuance, m’insupportent.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)
Tags : interview · politique · Femme

La cheffe du Département de la santé et de l’action sociale, la quarantaine, est grande, élancée et belle. Maman de deux petites filles, elle s’emploie à ne jamais rater le repas du soir et travaille après.

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Il y a quelques mois, Rebecca Ruiz nous recevait dans ses bureaux du Conseil d’état pour la présentation d’une nouvelle fondation en lien avec l’entreprise et la santé des collaborateurs. Bien qu’entourée de son équipe, nous sentions toute son attention. C’était loin de l’idée que nous nous faisions de ce genre d’entretien. Sa chaleur humaine, sa sincérité nous a touchés. L’idée de la connaître mieux nous a paru évidente. Nous nous sommes revues dans le cadre du Royal Savoy et l’interview s’est déroulée comme un échange authentique et complice.

ELLE: Madame la conseillère d’État, parlez-nous de vos ambitions professionnelles… Comment vous projetez-vous dans 20 ans?
Rebecca Ruiz: Ce que je sais, c’est que je ne ferai plus de la politique! Depuis l’âge de mes 20 ans, j’ai mis ma vie au service de mes idéaux. J’ai eu des mandats dans des fonctions différentes et aujourd’hui j’assume de grandes responsabilités. Il ne faut pas se mentir, l’engagement politique demande des sacrifices personnels et il faut aussi savoir céder sa place le moment venu.

A lire aussi: « Je milite pour une biodiversité de la parole »: avec Anne Ghesquière, créatrice du podcast Métamorphose

Devenir conseillère fédérale n’est donc pas un projet…
Absolument pas! D’ailleurs, il faut mille constellations pour accéder au Conseil fédéral. Je suis honorée de la confiance de la population et de ma réélection. J’aime mon travail et je le fais en mon âme et conscience. Je souhaite aller jusqu’au bout de mon mandat – le terminer sera déjà très satisfaisant.

Vous sentez de la fierté dans le regard de vos filles de 11 et 7 ans?
Il arrive que l’on m’interpelle dans la rue dans le cadre de mes fonctions. Quand mes filles sont avec moi, je sens de la fierté dans leurs yeux.

Depuis l’âge de mes 20 ans, j’ai mis ma vie au service de mes idéaux.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Qu’est-ce qui vous rend heureuse dans votre mission politique?
Mes actions au quotidien, toutes ces décisions qu’il faut prendre et qui impactent concrètement la vie des gens. Pouvoir changer ou maintenir les conditions d’existence de certaines personnes est un challenge permanent. Les aider est une grande satisfaction. C’est ça la politique pour moi. Je tiens à lire les lettres qui me sont adressées même, si la plupart du temps, je dois déléguer le suivi et les réponses. Je suis sensible aux appels à l’aide, aux détresses.

Votre double culture, espagnole et suisse, une force?
Une immense richesse. Mes parents m’ont inculqué de belles valeurs de solidarité et d’entraide. Mon père était assistant social, pasteur de formation. J’ai été élevée avec des valeurs chrétiennes. Aussi, lui comme ma mère se sont toujours engagés en politique, au service de la communauté.

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Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?
J’ai vécu une épreuve très éprouvante durant la grossesse de ma deuxième fille. J’ai dû rester alitée de longues semaines sans savoir si mon bébé allait survivre. Un gros hématome s’était formé et je priais pour qu’il se résorbe, sachant que j’avais une chance sur deux que le bébé résiste et je voulais y croire. Je lui parlais intérieurement pour que ma fille lutte avec moi dans cette bataille! Mon aînée de
3 ans et demi ne comprenait pas pourquoi sa maman devait rester au lit. La journée, je passais beaucoup de temps à contempler un arbre à ma fenêtre, j’observais toute la vie qui se déroulait autour de lui. Mon père m’avait offert une paire de jumelles pour qu’aucun détail ne m’échappe. Je lisais beaucoup et je regardais des séries à la télévision.

Pouvoir changer ou maintenir les conditions d’existence de certaines personnes est un challenge permanent.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Comment vivez-vous vos chagrins, vous vous exprimez ou vous vous enfermez dans votre coquille?
Je reste assez pudique, je me livre peu. Je suis cependant émotive et je pleure facilement. J’ai versé ma petite larme l’autre jour au départ d’un de mes proches collaborateurs.

Quel genre d’amoureuse êtes-vous? Volcanique ou plutôt sage?
Je suis plutôt quelqu’un qui évolue dans le contrôle, dans la maîtrise des choses. Cela ne m’empêche pas d’avoir un tempérament sanguin. Je tente de faire en sorte qu’il ne se révèle que dans ma vie privée, et non lorsque je travaille.

Êtes-vous plutôt jalouse ou confiante?
Je peux être jalouse bien sûr, mais sans excès. Être jaloux, c’est aussi ne pas vraiment se faire confiance.

Être jaloux, c’est aussi ne pas vraiment se faire confiance.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)

Qu’est-ce qui pourrait vous révolter au quotidien?
Quand les services publics ne fonctionnent pas! La maltraitance envers les enfants m’indigne aussi et depuis toujours. C’est un domaine qui me touche particulièrement.

Quelles sont les qualités, les forces dont vous pouvez vous féliciter?
Je suis endurante. Et je l’ai réellement découvert pendant les deux ans du Covid. J’ai fait au mieux pour gérer, en tenant bon dans un contexte hostile.

Si on parle de vos plus jolis souvenirs d’enfance, à quoi pensez-vous?
Mes vacances en Andalousie. Mes parents me déposaient à l’avion avec ma pancarte au cou et je retrouvais ma famille espagnole au bout du voyage. J’y passais toutes mes vacances, entourée de mes grands-parents, de mes tantes et cousins. C’est un souvenir merveilleux.

A lire aussi: Directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer: « Mon travail donne un sens à ma vie »

Quels sont vos loisirs préférés, loin de la politique…
J’aime beaucoup les séries TV, le théâtre et je suis aussi une grande lectrice. J’essaie de faire du sport régulièrement. J’ai une application sur mon téléphone et l’été, je privilégie la nage.

Quel serait votre dicton préféré?
Ne jamais jeter la première pierre! Les positions qui jugent de manière péremptoire, sans nuance, m’insupportent.

Les positions qui jugent de manière péremptoire, sans nuance, m’insupportent.

Rebecca Ruiz, conseillère d’état (ELLE)
Tags : interview · politique · Femme