Fashion Week de Paris : comment le styliste de Doechii a créé ses looks inoubliables

L’artiste américaine a captivé le public grâce à l’ingéniosité de son styliste, Sam Woolf. Ensemble, ils ont imaginé des tenues spectaculaires, mêlant storytelling et audace. Retour sur les secrets de cette collaboration mode.

Sam Woolf est encore sur son petit nuage après la Fashion Week de Paris. Ce styliste basé à Los Angeles s’est fait remarquer grâce à sa collaboration avec Doechii, la rappeuse récompensée aux Grammy Awards a littéralement conquis la capitale française avec des looks audacieux et pleins de caractère. Ensemble, Sam et Doechii ont imaginé une garde-robe qui s’apparente davantage à du storytelling qu’à du simple stylisme, allant d’une robe sculpturale signée Schiaparelli à une apparition pieds nus chez Chloé. Son approche ? Un travail profondément collaboratif et minutieusement réfléchi. « Ce n’était pas simplement une question de style, mais plutôt d’engagement total envers une vision », explique-t-il à ELLE.com. Ici, il revient en détail sur les inspirations, les coulisses et le processus créatif derrière les tenues parisiennes emblématiques de Doechii.

Elle : Tout le monde raffole des looks de Doechii de la Fashion Week de Paris. Que doit-on savoir à propos de son style ?
Sam Woolf : [Pour la Fashion Week de Paris], il ne s’agissait pas vraiment de son style à proprement parler, mais plutôt sur son identité en tant qu’artiste. Elle s’investit pleinement dans un personnage ou une tenue et incarne cette identité jusqu’au bout. C’est exactement ce que nous avons fait pour chaque marque ou défilé auquel nous avons assisté. Nous avons adopté l’ADN de chaque marque tout en y apportant notre touche personnelle pour que ce soit vraiment « Doechii ». C’est pourquoi c’était si authentique, car nous avons choisi des marques auxquelles elle se sentait profondément liée. Les gens ne le savent probablement pas, mais au fond, c’est une femme bohème. [Quand elle était adolescente], la maison Chloé correspondait parfaitement à son essence. L’idée était donc de créer une histoire spécifique pour chaque marque.

Dans quelle mesure a-t-elle participé au choix de chaque tenue ? Quel est votre processus habituel ?
Nous sommes constamment en train d’échanger. Même lorsque nous sommes sur un plateau entrain de de faire autre chose, nous discutons déjà de ce qui vient après. Ainsi, lorsque nous parlions des différents défilés auxquels nous allions assister, nous réfléchissons au message que nous souhaitions transmettre.
Il n’était pas uniquement question du vêtement lui-même, mais surtout de l’histoire que nous voulions raconter et de la manière dont le look serait perçu. À partir de là, elle a confiance en moi pour comprendre les pièces.

L’un des looks les plus remarquables était la robe Schiaparelli aux cheveux longs et aux cerceaux dorés. Comment cela s’est-il produit ?
Nous étions en contact avec Schiaparelli car nous assistions au défilé, et elle portait également une tenue de la maison pour sa performance au Louvre. Ce look iconique est né de nos échanges : elle trouvait qu’il exprimait à la fois un côté hip-hop, preppy et princesse africaine.  Nous avons même discuté du bandeau avant de partir pour Paris. C’est quelque chose sur lequel son coiffeur et moi avons collaboré.
Pour le look suivant signé Schiaparelli, nous voulions l’exact opposé : très sexy et féminin. Dès qu’elle l’a essayé, il était littéralement parfait sur elle. Doechii souhaitait mettre en valeur la féminité, les formes et la beauté du corps.

Un autre moment viral a été le body avec la veste à plumes.
Nous avions discuté avec Tom Ford, hésitant entre cette tenue et un look plus classique, mais nous voulions vraiment aller vers une esthétique ultra-sensuelle.
En réalité, elle s’est changée dans la voiture. Nous étions en retard : elle a donc dû enfiler sa tenue à la dernière minute. Nous étions quatre autour d’elle en train de l’habiller en urgence — moi, mon assistant, sa coiffeuse et sa maquilleuse — pendant le trajet. Nous avions échangé par mail avec Tom Ford, mais avons finalement préféré miser sur un look de femme fatale assumée. J’ai même acheté des cigarettes Vogue pour compléter parfaitement la tenue.

Y avait-il un look qui sortait particulièrement de sa zone de confort ?
Je pense que la robe couture Valentino qu’elle portait au Louvre était très inattendue venant d’elle. Elle n’avait jamais porté une robe de princesse comme celle-ci auparavant. Mais encore une fois, elle a parfaitement incarné ce personnage — celui d’une princesse arrivant à Paris. Dès l’instant où l’événement au Louvre a été confirmé, c’est précisément ce que nous voulions transmettre. C’était ses débuts à la Fashion Week de Paris, et nous voulions que ce premier look affirme clairement : « Je suis là ».

Y a-t-il eu des difficultés lors du stylisme pour la Fashion Week de Paris ?
C’était plutôt une question de temps, car nous intégrons tellement de choses en une seule journée. Doechii tient à s’engager pleinement dans chaque look. Son coiffeur a réussi à prévoir des coiffures qui pouvaient facilement être transformées pour permettre des changements rapides.

En dehors de la Fashion Week de Paris, quelle est votre relation de travail avec Doechii ?
Nous nous envoyons constamment des choses différentes. Il n’est pas toujours nécessaire que ce soit un look de mode : il peut s’agir d’un tapis, d’une peinture, d’un motif sur quelque chose ou même d’une référence à un film. Quand je prépare des projets, je relis souvent mes textos et mes messages privés échangés avec elle.

Y a-t-il eu une inspiration générale pour la Semaine de la mode en particulier ?
Il ne s’agissait pas d’une référence spécifique. Il s’agissait de créer un personnage ou une histoire pour chaque enseigne. Pour Chloé, on savait qu’on voulait lui donner un style  « boho bag lady chic ». L’idée du moment lorsqu’elle était pieds nus est un sujet dont on avait parlé avant même d’arriver en Europe.

Comment s’est passée cette conversation ?
Il s’agissait d’incarner l’esprit libre de l’esthétique bohème. Chloé représente une femme bohème-chic sophistiquée et haut de gamme. Nous aimons révéler des choses habituellement cachées, et l’essence libre d’une fille bohème, c’est justement de courir pieds nus dans un parc. Nous avons donc repris cette idée au niveau de la haute couture.

Comment gérez-vous les différences de vision ? Etes-vous parfois en désaccord ?
Nous faisons des séances d’essayage très longues. On teste énormément d’options. Même si la première paire de chaussures fonctionne bien, on en essaiera cinq autres juste pour voir si on peut trouver mieux. Parfois, nous ne sommes pas d’accord, mais nous sommes tous les deux très respectueux de la vision de chacun. Je ne veux jamais qu’elle soit insatisfaite, et elle non plus ne souhaite pas que je le sois. C’est toujours très collaboratif.

Autrice: Samantha Leal
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : interview · paris · événement · fashion week · Inspiration

L’artiste américaine a captivé le public grâce à l’ingéniosité de son styliste, Sam Woolf. Ensemble, ils ont imaginé des tenues spectaculaires, mêlant storytelling et audace. Retour sur les secrets de cette collaboration mode.

Sam Woolf est encore sur son petit nuage après la Fashion Week de Paris. Ce styliste basé à Los Angeles s’est fait remarquer grâce à sa collaboration avec Doechii, la rappeuse récompensée aux Grammy Awards a littéralement conquis la capitale française avec des looks audacieux et pleins de caractère. Ensemble, Sam et Doechii ont imaginé une garde-robe qui s’apparente davantage à du storytelling qu’à du simple stylisme, allant d’une robe sculpturale signée Schiaparelli à une apparition pieds nus chez Chloé. Son approche ? Un travail profondément collaboratif et minutieusement réfléchi. « Ce n’était pas simplement une question de style, mais plutôt d’engagement total envers une vision », explique-t-il à ELLE.com. Ici, il revient en détail sur les inspirations, les coulisses et le processus créatif derrière les tenues parisiennes emblématiques de Doechii.

Elle : Tout le monde raffole des looks de Doechii de la Fashion Week de Paris. Que doit-on savoir à propos de son style ?
Sam Woolf : [Pour la Fashion Week de Paris], il ne s’agissait pas vraiment de son style à proprement parler, mais plutôt sur son identité en tant qu’artiste. Elle s’investit pleinement dans un personnage ou une tenue et incarne cette identité jusqu’au bout. C’est exactement ce que nous avons fait pour chaque marque ou défilé auquel nous avons assisté. Nous avons adopté l’ADN de chaque marque tout en y apportant notre touche personnelle pour que ce soit vraiment « Doechii ». C’est pourquoi c’était si authentique, car nous avons choisi des marques auxquelles elle se sentait profondément liée. Les gens ne le savent probablement pas, mais au fond, c’est une femme bohème. [Quand elle était adolescente], la maison Chloé correspondait parfaitement à son essence. L’idée était donc de créer une histoire spécifique pour chaque marque.

Dans quelle mesure a-t-elle participé au choix de chaque tenue ? Quel est votre processus habituel ?
Nous sommes constamment en train d’échanger. Même lorsque nous sommes sur un plateau entrain de de faire autre chose, nous discutons déjà de ce qui vient après. Ainsi, lorsque nous parlions des différents défilés auxquels nous allions assister, nous réfléchissons au message que nous souhaitions transmettre.
Il n’était pas uniquement question du vêtement lui-même, mais surtout de l’histoire que nous voulions raconter et de la manière dont le look serait perçu. À partir de là, elle a confiance en moi pour comprendre les pièces.

L’un des looks les plus remarquables était la robe Schiaparelli aux cheveux longs et aux cerceaux dorés. Comment cela s’est-il produit ?
Nous étions en contact avec Schiaparelli car nous assistions au défilé, et elle portait également une tenue de la maison pour sa performance au Louvre. Ce look iconique est né de nos échanges : elle trouvait qu’il exprimait à la fois un côté hip-hop, preppy et princesse africaine.  Nous avons même discuté du bandeau avant de partir pour Paris. C’est quelque chose sur lequel son coiffeur et moi avons collaboré.
Pour le look suivant signé Schiaparelli, nous voulions l’exact opposé : très sexy et féminin. Dès qu’elle l’a essayé, il était littéralement parfait sur elle. Doechii souhaitait mettre en valeur la féminité, les formes et la beauté du corps.

Un autre moment viral a été le body avec la veste à plumes.
Nous avions discuté avec Tom Ford, hésitant entre cette tenue et un look plus classique, mais nous voulions vraiment aller vers une esthétique ultra-sensuelle.
En réalité, elle s’est changée dans la voiture. Nous étions en retard : elle a donc dû enfiler sa tenue à la dernière minute. Nous étions quatre autour d’elle en train de l’habiller en urgence — moi, mon assistant, sa coiffeuse et sa maquilleuse — pendant le trajet. Nous avions échangé par mail avec Tom Ford, mais avons finalement préféré miser sur un look de femme fatale assumée. J’ai même acheté des cigarettes Vogue pour compléter parfaitement la tenue.

Y avait-il un look qui sortait particulièrement de sa zone de confort ?
Je pense que la robe couture Valentino qu’elle portait au Louvre était très inattendue venant d’elle. Elle n’avait jamais porté une robe de princesse comme celle-ci auparavant. Mais encore une fois, elle a parfaitement incarné ce personnage — celui d’une princesse arrivant à Paris. Dès l’instant où l’événement au Louvre a été confirmé, c’est précisément ce que nous voulions transmettre. C’était ses débuts à la Fashion Week de Paris, et nous voulions que ce premier look affirme clairement : « Je suis là ».

Y a-t-il eu des difficultés lors du stylisme pour la Fashion Week de Paris ?
C’était plutôt une question de temps, car nous intégrons tellement de choses en une seule journée. Doechii tient à s’engager pleinement dans chaque look. Son coiffeur a réussi à prévoir des coiffures qui pouvaient facilement être transformées pour permettre des changements rapides.

En dehors de la Fashion Week de Paris, quelle est votre relation de travail avec Doechii ?
Nous nous envoyons constamment des choses différentes. Il n’est pas toujours nécessaire que ce soit un look de mode : il peut s’agir d’un tapis, d’une peinture, d’un motif sur quelque chose ou même d’une référence à un film. Quand je prépare des projets, je relis souvent mes textos et mes messages privés échangés avec elle.

Y a-t-il eu une inspiration générale pour la Semaine de la mode en particulier ?
Il ne s’agissait pas d’une référence spécifique. Il s’agissait de créer un personnage ou une histoire pour chaque enseigne. Pour Chloé, on savait qu’on voulait lui donner un style  « boho bag lady chic ». L’idée du moment lorsqu’elle était pieds nus est un sujet dont on avait parlé avant même d’arriver en Europe.

Comment s’est passée cette conversation ?
Il s’agissait d’incarner l’esprit libre de l’esthétique bohème. Chloé représente une femme bohème-chic sophistiquée et haut de gamme. Nous aimons révéler des choses habituellement cachées, et l’essence libre d’une fille bohème, c’est justement de courir pieds nus dans un parc. Nous avons donc repris cette idée au niveau de la haute couture.

Comment gérez-vous les différences de vision ? Etes-vous parfois en désaccord ?
Nous faisons des séances d’essayage très longues. On teste énormément d’options. Même si la première paire de chaussures fonctionne bien, on en essaiera cinq autres juste pour voir si on peut trouver mieux. Parfois, nous ne sommes pas d’accord, mais nous sommes tous les deux très respectueux de la vision de chacun. Je ne veux jamais qu’elle soit insatisfaite, et elle non plus ne souhaite pas que je le sois. C’est toujours très collaboratif.

Autrice: Samantha Leal
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : interview · paris · événement · fashion week · Inspiration