Un geste aussi simple que congeler le pain peut apporter des bienfaits intéressants sur le plan nutritionnel. Néanmoins, cette astuce a aussi ses limites — et elles sont nombreuses. Explications.

Il ne fait aucun doute que s’il existe un aliment traditionnel en Suisse, c’est le pain. Bien que c’est un aliment consommé quotidiennement pendant des décennies, il est passé ces dernières années sous le feu des critiques : trop calorique, peu intéressant sur le plan nutritionnel… De plus, le rythme de vie effréné d’aujourd’hui et le manque de temps compliquent l’achat régulier de pain frais et tout juste sorti du four. Le résultat est que la consommation de pain dans notre pays accompagne pratiquement tous les repas. Les Suisses, qui dînent en moyenne 4,4 fois par semaine, intègrent souvent une tranche de pain à leur repas de midi. 

Ces derniers temps, on observe également une extension de boulangeries artisanales misant sur le levain naturel, les fermentations longues, des farines variées et innovantes, bref, sur la qualité du produit final. Un phénomène qui, logiquement, s’accompagne d’un nombre croissant de consommateurs prêts à payer pour ce petit plus. Mais quoi qu’il en soit, si cela ne suffisait pas à redonner au pain la place qu’il mérite, voici un argument de plus : le congeler pourrait représenter un atout supplémentaire pour votre santé.

Pourquoi est-il bon de congeler le pain ?

La tendance du moment — adoptée même par les amateurs les plus fidèles du pain traditionnel — consiste à faire quelques réserves de bonnes miches ou baguettes, puis à les congeler pour les consommer selon les envies. Une habitude bien ancrée, souvent motivée par le manque de temps… mais qui pourrait bien avoir des effets insoupçonnés sur la santé.

Des nutritionnistes et diététiciens, très actifs sur les réseaux sociaux, ont récemment mis en lumière un avantage peu connu de cette pratique : congeler son pain ne serait pas seulement pratique, cela pourrait aussi le rendre plus sain. Et non, ce n’est pas une simple accroche pour gagner des likes — la science appuie bel et bien cette idée.

Deux études publiées dans European Journal of Clinical Nutrition et Novelty in Clinical Medicine ont observé, sur un échantillon réduit, une baisse d’environ un tiers de l’indice glycémique du pain une fois congelé. Autrement dit, ses sucres sont absorbés plus lentement par l’organisme, limitant les pics de glycémie. Mieux encore : cet effet serait amplifié s’il est toasté après décongélation.

L’explication ? Elle se cache dans la transformation subtile de l’amidon contenu dans celui-ci. Une fois congelé, une partie de ce glucide change de structure pour devenir ce que l’on appelle un « amidon résistant ». Résultat : il se comporte un peu comme une fibre prébiotique.

Concrètement, cela signifie que le système digestif met plus de temps à le décomposer, et que les sucres qu’il contient sont absorbés plus lentement. Une bonne nouvelle pour votre équilibre : cela limite les pics de glycémie et pourrait, à long terme, réduire les risques de surpoids et de diabète de type 2.

pain congelé aide à la perte de poids
Crédits : Karolina Grabowska

Et ce n’est pas tout : le pain congelé est aussi moins calorique. Là où l’amidon classique fournit environ 4 kilocalories par gramme, l’amidon résistant — formé lors de la congélation — n’en contient que 2,5. Soit près de 30 % de calories en moins, ce qui n’est pas négligeable.

Cerise sur le gâteau : en évitant les pics de glycémie, cet amidon limite la production soudaine d’insuline… et donc les fameuses fringales qui suivent souvent les chutes de sucre. Résultat : on reste rassasié plus longtemps, sans coup de mou ni envie de grignoter.

Mieux encore, il agit comme un véritable allié de notre microbiote : il nourrit les bonnes bactéries intestinales et participe ainsi à la prévention du cancer du côlon. Un petit geste en cuisine, de grands effets sur notre santé.

Quelles sont les limites ?

Trop beau pour être vrai ? En partie, oui. Car si ces bienfaits existent bel et bien, leur impact réel sur la santé reste modéré — loin de l’effet miracle que l’on pourrait imaginer à première vue.

Comme le rappelle justement Boticaria García (@boticariagarcia), il est essentiel de garder en tête que le pain n’est pas composé uniquement d’amidon : il n’en contient qu’environ la moitié. Et parmi ce dernier, seule une fraction se transforme véritablement en ce glucide résistant lors de la congélation.

En résumé ? Une bonne idée, certes, mais à replacer dans une vision globale de l’alimentation.

Autre point important : les études mentionnées ont été réalisées à partir de pain blanc. Or, les bénéfices observés — que ce soit sur l’index glycémique ou sur la santé du microbiote — auraient été tout aussi présents, voire supérieurs, avec un pain 100 % complet, au levain naturel, et issu de longues fermentations.

En clair, si la base n’est pas de qualité, inutile d’espérer des miracles. Congeler un pain pauvre sur le plan nutritionnel ne le transformera pas en super aliment. Le secret, comme toujours, réside dans le choix du bon produit dès le départ.

Pain
Crédits : Mae Mu

Les bons gestes pour bien congeler votre pain

Au-delà des éventuels bénéfices nutritionnels que peut offrir la congélation, il ne faut pas oublier un critère essentiel : le pain doit aussi rester agréable à déguster. Autrement dit, conserver sa texture et son goût. Et pour cela, tout se joue dans la manière de le congeler.

Xabier Barriga, boulanger et fondateur de la chaîne Turris, recommande de congeler le pain frais, de préférence déjà tranché, afin de ne sortir que la quantité nécessaire à chaque fois. Il conseille aussi de bien le protéger : d’abord dans un sachet en papier, puis dans un sac plastique hermétique. Cette double enveloppe permet d’éviter que cet aliment n’absorbe les odeurs du congélateur ou qu’il entre en contact avec la fine couche de givre que certains appareils forment — ce qui pourrait altérer sa saveur une fois décongelé.

Certes, il peut se conserver jusqu’à trois mois au congélateur. Mais pour préserver au mieux sa saveur et sa texture, l’idéal reste de le consommer dans les quatre premières semaines. Petit réflexe malin : noter la date de congélation. Un geste simple pour garder le contrôle sur les stocks… et penser à sortir d’abord celui qui attend depuis le plus longtemps.

Autrice: Araceli Herrero
Cet article a été traduit et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/es. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

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