Imaginée par Pepeuf – une entreprise lausannoise inattendue dans le paysage mode – et la styliste Tania Zekkout, cette création qui a monté les marches vendredi entend bien prouver qu’écologie et désirabilité peuvent – et doivent – défiler main dans la main.

Une énigmatique silhouette a capté les regards sur la Croisette dernièrement. De couleur crème, parsemée d’une longue construction de fleurs aux reflets dorés, la création semble tout droit sortie d’un rêve Haute couture. Et pourtant, derrière cette robe, qui a également tapé dans l’œil de la photographe primée Karine Bauzin, se cache une surprise de taille: elle est intégralement fabriquée en papier.

Rendre l’écologie glamour
Présentée pour la première fois lors d’un défilé confidentiel à Cannes, cette pièce unique a nécessité près de 150 heures de travail et l’assemblage de 700 feuilles de papier Nat, un matériau conçu à partir de résidus fibreux de la canne à sucre. Une prouesse technique et artistique signée Pepeuf, maison que l’on n’attendait pas dans l’arène mode. Car cette entreprise artisanale n’est pas une marque textile. Née à Lausanne, elle se spécialise plutôt dans la papeterie écologique. Derrière ce projet audacieux, les fondateurs Jérémie Didi et Lucas Letailleur, qui entendent bien redéfinir la vision que le grand public a de la durabilité: « Cette robe n’est pas seulement un objet de couture, c’est une déclaration: on peut créer sans abîmer le vivant », arguent ils.
Cette robe n’est pas seulement un objet de couture, c’est une déclaration: on peut créer sans abîmer le vivant.

Pour métamorphoser ce manifeste en pièce mode, Pepeuf s’est aidée de Tania Zekkout. La styliste française a usé de son expertise dans la domaine pour traduire l’ADN du papier dans un langage résolument couture. La robe a ainsi trouvé son incarnation auprès de l’autrice-réalisatrice Valérie Zoydo, qui a gravi les marches du festival de Cannes vendredi 23 mai, parée également des bijoux de la maison genevoise AguadeOro.

Ultime clin d’oeil à son ADN engagé, cette robe helvétique sera vendue aux enchères au profit de A Tree For You, laquelle association a déjà permis de planter plus d’un million d’arbres en 2024, assure sa déléguée générale Joëlle Touré.
Ce n’est pas la première fois qu’une signature helvétique choisit le Festival de Cannes pour faire passer un message aussi mode que porteur de sens. En 2024 déjà, la maison zurichoise Mourjjan avait marqué les esprits en révélant avoir fait don d’une de ses robes couture à une cause caritative. Des démarches à la croisée du luxe et de l’engagement, qui confirment que la mode suisse, bien que discrète, sait conjuguer influence et conscience avec une élégance rare.