La première directrice de création de la prestigieuse maison parisienne a annoncé vendredi quitter ses fonctions après près de dix ans de collaboration. Voici pourquoi personne ne l’oubliera.

Dior n’avait jamais eu à sa tête une directrice artistique. Maria Grazia Chiuri a été la première femme en 2016 à prendre les reines des collections femmes de la marque emblématique française.  Au fur et à mesure des défilés et des multiples collections, elle a offert une vision féministe, tout en respectant l’héritage de la maison. Retour sur un parcours hors du commun d’une créatrice qui a ouvert les esprits.

Trajectoire, de Rome à Paris

Née en 1964 à Rome, elle étudie à l’Instituto europeo di design. Ses débuts sont prometteurs : chez Fendi, dans le secteur de la maroquinerie.   Puis elle poursuit sa carrière au sein de la prestigieuse marque romaine Valentino. Chemin faisant et avec maestria, elle devient co-directrice artistique de la marque, aux côtés de Pier Paolo Piccioli. En 2016, elle quitte l’Italie pour la France et devient la première femme à diriger la maison Dior, marquant un tournant historique.  Chiuri se distingue par son approche engagée, intégrant le féminisme dans ses collections. Son parcours ne se limite pas à l’esthétique ; il incarne une vision audacieuse et créative de la mode, avec une approche basée sur l’artisanat et les multiples savoir-faire de l’univers du luxe. Connue pour avoir collaboré avec des artistes internationaux, elle ouvre des portes et libère les esprits.

Elle pense aux femmes

Dès ses débuts chez Dior, Chiuri s’attache à injecter une vision contemporaine dans ses créations pour la maison Dior, soulignant l’importance du rôle des femmes dans la mode. Sa première collection, présentée lors de la Fashion Week de Paris, met en avant un t-shirt signé : « We Should All Be Feminists », une déclaration puissante. Le ton est donné !  Avec elle, le style Dior évolue de manière intelligente, les silhouettes deviennent plus confortables, tout en conservant une élégance certaine. Puis, la créatrice est sensible, elle sait la magie de la transmission, des petites mains et de la valeur de l’ouvrage. Elle s’entoure d’êtres merveilleux pendant neuf années, nous offrant des perles, comme ce défilé Dior Croisière 2024 au Colegio de San Ildefonso à Mexico City, lieu de rencontre de Diego Rivera et de Frida Kahlo. Un dialogue culturel passionnant entre le passé et le présent, un hommage à Frida, cette artiste marquée par un fort désir d’émancipation

Au cœur du même défilé, Maria Grazia invite la militante mexicaine Elina Chauvet a créé une performance intitulée « A corazon abierto » qui dénonce les violences faites aux femmes par des broderies rouges sur des robes blanc immaculé.

Honorer l’héritage

La créatrice s’inspire également de l’histoire et de l’héritage de Dior, revisitant les classiques de la maison tout en y intégrant des éléments modernes. L’étoile de Christian Dior, son porte-bonheur, symbole devenu iconique, est placée avec grâce sur de nombreux produits ; sous un soulier, sur un foulard, en collier.  Chiuri demande à l’artiste contemporain italien Pietro Ruffo de dessiner cet astre, majestueux comme une boussole, ou petit comme un trésor, afin d’obtenir de la matière poétique à sérigraphier. Le mythique sac Saddle ou Le Dior Book Tote deviendront de vraies cartographies célestes. Quant à la nature, les roses, le jardin de Monsieur Dior est retranscrit avec audace ; brodé, imprimé, perlé sur les différentes collections. Comme exemple, cette robe noire aux motifs floraux célébrant l’Écosse pour la collection croisière 2025.

En résumé, Maria Grazia Chiuri a marqué la maison Dior par ses valeurs, son bagage professionnel, cette « italianité » et une créativité débordante. Sa soif de communiquer à travers le vêtement, a redonné la parole aux corps, aux femmes, aux artistes et à l’artisanat. Le résultat a été prolifique pour la maison, la première femme à diriger Dior, peut se vanter d’une relance économique dès ses premières années. Pour cela, on ne peut que lui dire : « Grazie di cuore ». Et lui souhaiter le meilleur : entre art et mode, histoire et contemporanéité.

Dior la suite ? Peut-être avec un Jonathan Anderson sur toutes les collections ?….

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