La Fashion Week débarque en Suisse dès 2026
Cinq jours de défilés durant lesquels la Zurich Fashion Week entend imposer l’Helvétie au cœur du calendrier mondial de la mode. Cap sur le Kongresshaus, l’objectif étant de renouer avec un héritage méconnu, affirmer une identité helvétique forte et freiner l’exode des créateurs les plus ambitieux, clament ses incubateurs.

En coulisses, créateurs, entrepreneurs, sponsors et mannequins s’activent à plein régime. Dans six mois, après Paris, Londres, Milan, New York, Berlin ou encore Copenhague, Zurich rejoindra le cercle très fermé des villes dotées de leur Fashion Week. Le grand saut est prévu du 11 au 15 février 2026. « Le chemin n’a pas été sans embûches, mais nous avons avancé, portés par la détermination et un optimisme obstiné », confie à ELLE Suisse Tamy Glauser, directrice artistique du projet. Le mannequin bernois, reconnu à l’international, mène cette aventure avec l’entrepreneur zurichois Remo Schmid, qui en est le fondateur. Ensemble, ils annoncent vouloir offrir au pays une vitrine à la hauteur de ses talents. Et pour cela, visiblement qu’une seule solution : miser sur Zurich.
Retour aux origines, il y a plus de 80 ans
Plutôt que Genève, Lausanne ou Bâle – trois villes pourtant riches sur le plan culturel à l’international -, c’est bien la capitale économique qui s’affiche comme l’épicentre de ce programme colossal : « C’est notre ville, celle que nous aimons, poursuit la directrice artistique. Et elle mérite d’être reconnue à sa juste valeur dans le monde de la mode ». Parce qu’en réalité, le lieu ne relève pas que du cœur. Il s’ancre aussi dans un héritage, pour beaucoup, inattendu.
En 1942, la Schweizer Modewoche devient la première Fashion Week de l’histoire de la Suisse. Organisée au Kongresshaus de Zurich du 28 février au 15 mars, elle attire, avec sa seconde édition l’année suivante, plus de 70’000 visiteurs, raconte Charles J.F. Zimmermann dans L’œuvre : architecture et art (1943). L’auteur y précise ainsi que l’objectif n’est pas de rivaliser avec Paris ou Milan, mais de « stimuler la créativité et la compétitivité des entreprises suisses ».
Peut-être trop centrée sur le marché local et conçue comme un salon d’exposition, la Schweizer Modewoche s’éteindra en 1948. Or, près de 80 ans plus tard, c’est dans ce même canton et entre les mêmes murs que Tamy Glauser et Remo Schmid se sont enhardis à relancer l’aventure. Plus pop, anglophone et « à l’écoute de collaborations externes », confirment-ils chez ELLE, la Zurich Fashion Week (ZFW) se distingue par bien plus d’ambitions.

Convaincre les talents locaux de « réussir » en Suisse
Parmi les autres raisons qui expliquent le choix de la ville finalement, la réalité actuelle : nombre de créateurs suisses brillant à l’international s’avèrent avoir Zurich dans leur ADN : Yannick Zamboni, révélé par l’émission Making the Cut et proche d’Heidi Klum fait sensation en Allemagne à travers sa marque Maison Blanche ; Avec YVY, Yvonne Reichmuth séduit depuis une dizaine d’années des stars telles que Taylor Swift, Kate Winslet ou encore Janet Jackson ; Aux Etats-Unis, le nom de Kristina Thaden se murmure parmi les passionnés de mode les plus affutés depuis que ses sacs éponymes subliment les looks du tonitruant Emily in Paris.

Il y a un incroyable vivier de talents en Suisse, mais trop souvent, ils doivent partir à l’étranger pour réussir dans la mode. Notre objectif est de changer cela.
« Il y a un incroyable vivier de talents en Suisse, mais trop souvent, ils doivent partir à l’étranger pour réussir dans la mode, regrettent les fondateurs de la Zurich Fashion Week. Notre objectif est de changer cela. ». Ces figures défileront-elles d’ailleurs au Kongresshaus ? Combien de créatifs romands seront de la partie ? Et le Valaisan Kevin Germanier, star du luxe upcyclé à Paris, pourrait-il être le parrain de cette première édition ? Remo Schmid et Tamy Glauser se gardent de dévoiler des noms ou tout autre détails « jusqu’à la publication officielle du programme ».
Et puis, pour le moment, leur concentration est focalisée ailleurs. Dans l’attente du jour J, le calendrier de la ZFW présente trois rendez-vous clés : après un premier défilé de mode « à couper le souffle », saluait le journal Nau, sur le lac gelé de Saint-Moritz (GR) en février dernier, le 28 août prochain, un autre événement baptisé Next Stop Zurich Fashion Week aura lieu. Un avant-goût de la grande semaine de février 2026, que Tamy Glauser qualifie déjà de « tournant » pour la mode suisse.

Plus d’opportunités pour une identité suisse renforcée
Un tournant par rapport à de nombreuses initiatives qui l’ont précédé. Avant ce projet d’envergure, le paysage helvétique de la mode disposait déjà de plusieurs plateformes similaires. La plus connue : Mode Suisse, qui depuis plus de vingt ans célèbre la créativité nationale. Si cette plateforme a marqué la scène helvétique, elle n’a toutefois jamais proposé de semaine complète, comme le requièrent les standards internationaux du secteur et qui donnerait enfin à la Suisse les moyens de rivaliser sur la scène mondiale.
C’est là que la Zurich Fashion Week peut faire la différence, « sans aucune rivalité », nuance Tamy Glauser, qui tient à saluer le travail « incroyable » de la plateforme fondée et conduite par Yannick Aellen. Pour celle qui révèle avoir travaillé avec ce dernier par le passé, c’est surtout une histoire de complémentarité : « Mode Suisse et la Zurich Fashion Week ne sont pas en compétition. Le but est simplement de créer des opportunités. Plus nous aurons d’opportunités en Suisse, mieux ce sera pour tout le monde. »

Notre but est qu’à plus long terme la Fashion Week de Zurich soit intégrée au calendrier officiel des Semaines de la mode internationales.
L’autre force de la ZFW : son engagement envers les jeunes créateurs. En partenariat avec les écoles de mode, le projet prévoit de financer à travers une bourse la collection d’un étudiant prometteur, « pour lui permettre d’embaucher ses pairs et bâtir une communauté forte », précise chez ELLE Tamy Glauser. Reste à savoir si Zurich saura forger une identité propre et un style suisse reconnaissable à l’international, à l’instar de chaque capitales mondiales de la mode. Remo Schmid sourit : « Le temps nous le dira. Mais je suis impatiente de voir où cette aventure nous mènera. »
Plus nous auront d’opportunités en Suisse, mieux ce sera pour tout le monde.
Quelles seront les réussites en termes de visibilité, d’attractivité pour les créateurs et les marques, ou encore de retombées économiques pour la région ? Le lancement de cette première édition sera décisive. Car plus qu’un simple événement, la Zurich Fashion Week – qui ne fait, pour l’heure, pas partie du calendrier officiel des Semaines de la mode internationales – pourrait devenir un levier durable dans un système culturel certes riche, mais encore en quête de reconnaissance globale.
Zurich Fashion Week, du 11 au 15 février 2026, Kongresshaus, Gotthardstrasse 5 8002, Zurich, Suisse, zfw.swiss