« The Deal »: le thriller captivant de la RTS porté par un rôle féminin fort

L’actrice Veerle Baetens, inoubliable mère brisée dans Alabama Monroe, incarne une diplomate suisse dans The Deal, première série très réussie du réalisateur Jean-Stéphane Bron. Elle se confie sur les défis de ce rôle.

Habituée à se glisser dans la peau de personnages intenses, Veerle Baetens a marqué le cinéma avec Alabama Monroe (2012), bijou belge élu Meilleur film étranger aux Césars 2014, nommé aux Oscars la même année et qui lui a valu le prix de la Meilleure actrice aux European Film Awards et au Festival de Tribeca. On la retrouve aujourd’hui dans The Deal, l’excellente première série de fiction (6 × 46 minutes) du Lausannois Jean-Stéphane Bron, co-créée avec Alice Winocour et coproduite notamment par la RTS et ARTE.

Cette fois, l’actrice belge relève un nouveau challenge haut la main: exprimer, tout en retenue, les dilemmes qui assaillent Alexandra Weiss, cheffe de la mission diplomatique suisse lors de pourparlers sur le nucléaire iranien. Avec un budget de 12 millions de francs, The Deal replonge en effet dans les tractations menées à Lausanne et conclues à Vienne en 2015 par l’accord sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump a ensuite retiré les États-Unis en 2018.

Dans la série, ces discussions sous haute tension sont transposées dans un hôtel genevois imaginaire, mélange de plusieurs palaces et de la Villa Mon-Repos à Lausanne. Documentariste multi- récompensé, Jean-Stéphane Bron a nourri ce thriller politique de sept années de recherches minutieuses, avant d’ajouter à la trame géopolitique inspirée du réel, des personnages fictifs et des drames personnels qui renforcent encore la tension dramatique.

Trois femmes au premier plan

Les négociations se tiennent à huis clos entre la délégation américaine, menée par la sous-secrétaire d’État Cindy Cohen (Juliet Stevenson), et la délégation iranienne, conduite par le ministre des Affaires étrangères Mohsem Mahdavi (Anthony Azizi), sous le regard attentif de la représentante de l’Union européenne (Fenella Woolgar), ainsi que de la Chine et de la Russie. Alexandra Weiss, toujours en mouvement, toujours à l’affût d’une solution, fait de son mieux pour accommoder tout le monde. Jusqu’au moment où son ancien amour, Payam Sanjabi (Arash Marandi), ingénieur iranien qu’elle croyait disparu, réapparaît à la table des négociations et lui confie, en cachette, que sa vie est menacée.

«J’étais en Corse, sur le tournage de Plaine orientale, quand Jean-Stéphane Bron est venu me proposer le rôle, explique Veerle Baetens. C’était un vrai cadeau! Je suis immédiatement tombée amoureuse du scénario et des personnages. C’est un récit équilibré, qui ne prend pas parti, et je trouve toujours fort quand des scénaristes parviennent à faire ça.»

Cette sensibilité au récit, elle l’a encore développée en passant derrière la caméra en 2023 avec sa première réalisation, Débâcle (tiré du best-seller Het smelt), présentée au Festival de Sundance. «Avoir travaillé comme réalisatrice change beaucoup de choses. Je suis encore plus attentive à la qualité d’un scénario.» Elle souligne aussi l’importance, pour elle, du dialogue sur un plateau: «J’apprécie qu’un réalisateur soit prêt à entendre mes idées. Et Jean-Stéphane Bron est vraiment très à l’écoute.»

C’est aussi l’humanité d’Alexandra qui a séduit l’actrice: «Elle a des failles, elle commet des erreurs. J’adore jouer des femmes qui ne sont pas parfaites et qui vont à contre-courant des rôles attendus.» Aux côtés de la diplomate suisse, la négociatrice américaine et la représentante européenne s’imposent également: «Dans cet univers très masculin, Jean-Stéphane montre avec sensibilité non seulement la force de ces trois femmes, mais aussi leur fragilité, leur cœur à côté de leur cerveau, leur vie privée à côté de leur travail, comme il le fait pour les personnages masculins. Il les filme comme des personnes entières, avec toutes leurs contradictions.»

Préparation au rôle à l’ONU

Pour rendre Alexandra crédible, Veerle Baetens a voulu la cerner dans toute cette complexité: «C’est une combattante, une guerrière, mais aussi une femme sociable, en quête d’harmonie. Elle a l’âme juste, beaucoup d’intelligence et de charme. Elle est également romantique et veut faire le bon choix, tout en cherchant à réussir dans son métier. Elle est vraiment déchirée entre ces deux énergies.» Un équilibre délicat à jouer: «Dans la diplomatie, il ne faut pas montrer ses sentiments. Pourtant, Alexandra n’a que ça en elle!»

L’actrice s’est immergée dans l’univers de la série en suivant des diplomates et en assistant à des discussions à l’ONU, à Genève. Le tournage lui a aussi donné l’occasion de découvrir la Suisse, dont elle apprécie la diversité linguistique, «qui, comme chez moi en Belgique, est un défi, mais aussi une richesse», avec un faible pour Lausanne, «une ville jeune, vivante et conviviale», et pour la nature qu’elle qualifie à plusieurs reprises d’«incroyable».

Et si elle devait exercer ce métier? Elle éclate de rire: «Je serais une très mauvaise diplomate! Comme Alexandra, je ne supporte pas l’injustice, mais moi, elle me met en rage. J’admire sa capacité à voir tous les aspects d’un problème et à chercher un terrain d’entente. Je n’ai pas sa diplomatie. Je prends souvent le parti de celui qui me semble le plus vulnérable.»

Quant aux risques que son personnage prend par amour, Veerle Baetens les comprend: «Je pense que je pourrais mettre ma carrière en péril pour un amour. Mais c’est toujours facile à dire tant qu’on ne le vit pas… Comme je ne suis pas diplomate, je prendrais par contre sûrement ces risques de façon plus directe et moins subtile qu’Alexandra.»

À voir sur Play RTS

Avec son esthétique impeccable, son casting international remarquable, sa résonance avec l’actualité et sa VO en anglais, ponctuée de dialogues en français et en farsi, The Deal devrait sans peine séduire bien au-delà des frontières. Déjà récompensée du Buyers Choice Award au festival Series Mania (prix décerné par des acheteurs internationaux aux séries au plus fort potentiel de diffusion), l’œuvre a encore eu l’honneur d’une projection sur la Piazza Grande au Festival de Locarno le 11 août, une première pour une série.

The Deal est disponible gratuitement et en intégralité sur Play RTS jusqu’au 7 février 2026, puis dès le 28 août, les jeudis sur RTS1 à raison de deux épisodes par semaine.

Tags : Suisse · Cinéma · série · politique
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