En collaboration avec la célèbre plateforme de streaming, cette série propose une immersion dans la genèse de l’hôtellerie de luxe suisse, où passion et dépassement de soi côtoient les drames personnels et les aspirations collectives. Une œuvre à la hauteur des ambitions qu’elle raconte, plaçant le cinéma helvétique sur l’échiquier des grandes productions mondiales.
En Suisse, les montagnes ne sont pas qu’un décor. Elles sont un héritage vivant, l’empreinte incommensurable d’une industrie qui a redéfini le luxe. Pour en saisir toute la portée, il faut replonger dans le 19e siècle, à une époque où ces cimes alpines ont inspiré des visionnaires de l’hôtellerie. A l’image d’un César Ritz ou d’un Johannes Badrutt, ces derniers ont transformé des étendues glacées en temples de magnificence. C’est cette essence que Winter Palace (2024) capte avec brio. La nouvelle création de la RTS a récemment ressuscité l’époque avec une ambition calquée sur celle de ses personnages: porter le projet à l’international.
On aurait pu craindre la mise en scène suisse clichée: un peu lente, un peu scolaire… Il n’en est rien. Réalisée par le Vaudois Pierre Monnard en Valais, et scénarisée par la Britannique Lindsay Shapero, Winter Palace échappe aux reconstitutions figées. La série soutenue par Netflix offre plutôt une fresque vibrante et moderne du patrimoine helvétique: « Nous ne voulions pas faire un documentaire de 1899, mais rendre cette période magique pour le public d’aujourd’hui », explique le réalisateur samedi 2 novembre au Geneva International Film Festival (GIFF). À travers le personnage d’André Morel (Cyril Metzger), un hôtelier qui tire son audace de la ferveur de César Ritz, la série explore les défis herculéens d’une entreprise rêvant d’un hôtel cinq étoiles ouvert durant la saison hivernale. Laquelle se heurte rapidement aux conditions climatiques extrêmes sans compter les exigences d’un gotha international qui n’a d’yeux que pour les palaces estivaux.
Personnages aux nuances complexes
Winter Palace ne se contente pas de raconter une histoire d’époque. La série suisse plonge au cœur des complexités humaines qui investissent les grands projets, et met notamment en lumière des figures féminines parfois paradoxales, toujours puissantes, prêtes à se révéler au fil des épisodes. Lady Isobel Fairfax (Astrid Roos) est l’une d’entre elles. Promise à un mariage d’intérêt, ce personnage incarne une volonté farouche de briser les conventions de son temps. Dès les premiers épisodes, son aspiration à conquérir l’univers masculin du ski dévoile une profondeur émancipatrice inattendue et prête à une intrigue encore plus alléchante. Pour Lindsay Shapero, il s’agit avant tout « d’une série sur comment l’ambition peut vous détruire, mais aussi vous porter, en particulier lorsqu’il s’agit de la force des femmes ».
A l’issue de l’avant-première diffusée au GIFF, on nous promet des rebondissements inattendus, enrichissant un récit pourtant déjà dense et captivant. Pour cause, les deux premiers épisodes révèlent une mise en scène somptueuse, entre décors alpins majestueux et dialogues qui jonglent entre le cocasse et le subtil. Hollywood n’a qu’à bien se tenir.
Collaboration historique
Au micro du GIFF, David Rihs est ému: « sept ans de développement » auront été nécessaires pour donner vie à ce projet monumental, premier de la RTS à être co-produit avec une plateforme internationale, nous annonce-t-il. Le producteur chez Point Prod, y voit une consécration, pendant que Philippa de Roten, directrice du département société et culture de la RTS, qui le succède sur la scène du Cinéma Empire, souligne la portée historique de cette collaboration.
Sans Netflix, on n’aurait pas pu réaliser cette série. Son apport a été déterminant pour permettre à cette série d’exister.
Winter Palace, c’est finalement l’histoire des rêves d’un homme qui ont changé le destin d’une nation, sur des décennies entières. Aucun doute, c’est la série à binge-watcher durant les vacances. L’occasion de galvaniser ses propres ambitions pour la nouvelle année.
Rendez-vous dès le jeudi 26 décembre sur Play RTS et RTS 1, afin de découvrir les huit épisodes de Winter Palace, en exclusivité en Suisse, avant son arrivée sur Netflix en janvier 2025 pour le public international.