Qualifiée de « Drama queen » ? Et si vous étiez plutôt atteinte de ce trouble ?

« Théâtrale », « drama queen », « séductrice invétérée ». Derrière l’exubérance de ces qualificatifs se cache peut-être une réalité peu connue, mais bien ancrée : le trouble de la personnalité histrionique.
Le DSM-5 définit le trouble de la personnalité histrionique par un schéma général de recherche excessive d’attention, présent dès le début de l’âge adulte, et dans des contextes variés. Il s’exprime à travers une séduction constante, une dramatisation des émotions, un besoin irrépressible d’être au centre de l’attention.
Les personnes concernées peuvent paraître superficielles, instables émotionnellement, voire manipulatrices. Mais ce trouble est loin de se résumer à une caricature. Il s’agit d’un véritable mode de fonctionnement psychique, souvent inconscient, avec une souffrance sous-jacente bien réelle.
Le DSM-5 liste plusieurs critères diagnostiques. Pour poser un diagnostic, au moins cinq des éléments suivants doivent être présents :
– un inconfort dans les situations où la personne n’est pas le centre de l’attention ;
– une interaction souvent caractérisée par un comportement de séduction inadaptée ;
– une expression émotionnelle superficielle et rapidement changeante ;
– une tendance à utiliser son apparence physique pour attirer l’attention ;
– un style de discours trop subjectif, pauvre en détail ;
– une dramatisation, une théâtralité, une expression exagérée des émotions ;
– une suggestibilité (facilité à se laisser influencer par autrui ou par les modes) ;
– une tendance à considérer les relations comme plus intimes qu’elles ne le sont réellement.
Ces traits doivent être stables dans le temps, envahissants, et entraîner une souffrance ou des difficultés dans la vie sociale, professionnelle ou affective.
Un trouble fréquent chez les femmes ?
Ce diagnostic a longtemps été associé à des femmes. Il est vrai que le trouble de la personnalité histrionique est plus souvent repéré chez elles, en partie à cause de stéréotypes culturels sur l’émotivité ou la séduction féminine. Mais il peut concerner tous les genres.
Il touche environ 1 à 2 % de la population générale. Il est souvent comorbide avec d’autres troubles de la personnalité (borderline, narcissique) ou des troubles de l’humeur (dépression, troubles anxieux), selon le DSM-5.
Un mal-être profond
Derrière l’exubérance apparente, la personnalité histrionique cache souvent un mal-être profond. Le besoin de reconnaissance et de valorisation cache une peur du rejet ou de l’abandon. La séduction est une stratégie de survie émotionnelle.
Selon le DSM-5, l’histoire des personnes présentant une personnalité histrionique est marquée par un attachement insécurisant dans l’enfance : absence de repères, instabilité affective, ou survalorisation de l’apparence au détriment de l’expression émotionnelle authentique.
Une psychothérapie peut permettre d’atténuer les effets de ce trouble. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), les thérapies psychodynamiques ou encore la thérapie des schémas sont particulièrement utiles.
L’objectif n’est pas de « casser » la personnalité, mais d’apprendre à identifier les schémas de fonctionnement, à développer une estime de soi plus stable, à gérer les émotions autrement que par la dramatisation ou la recherche excessive d’attention.
Autrice : Cassandre Riverain
Cet article a été adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.fr. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.