« Seinchronisées » : Babou Schüpbach fait du cancer du sein une œuvre poignante

La Morgienne nage dans la vie avec la poésie d’une danseuse. Elle transforme les épreuves en don d’amour et de beauté.

ELLE Suisse : Comment l’idée du spectacle Seinchronisées a germé dans votre esprit ?
Babou Schüpbach : L’idée est apparue dans un moment de ma vie où tout semblait incertain. Ma maman venait de traverser un cancer du sein. Une maladie lourde, invasive, qui laisse des traces même lorsqu’elle paraît terminée. Sa guérison n’a jamais été annoncée comme définitive. Et c’est dans cette zone grise, ce flou constant, que la natation synchronisée est apparue pour moi comme une bouée de sauvetage.

Difficile pour une petite fille de 8 ans de vivre la maladie de sa maman…
C’est à cet âge que j’ai la natation synchronisée. Au milieu de mon océan de questions, de peurs, d’incompréhension face à cette maladie à tout ce qu’elle pouvait encore impliquer, ce sport m’a offert un cadre, une discipline, une forme d’expression aussi. 

Et vous êtes épanouie dans cette discipline.
À 12 ans, j’ai intégré l’équipe nationale suisse. Ce fut le début d’un long parcours, semé de défis, de sacrifices, mais aussi de grandes joies. J’ai réussi à me frayer un chemin dans ce monde exigeant. Au fil des années, j’ai eu l’opportunité de participer à plusieurs Championnats d’Europe et du Monde, d’abord en catégorie junior, puis en catégorie élite. Représenter mon pays à ce niveau a été un honneur et un
accomplissement immense.

Et votre accomplissement ne s’est pas arrêtée là, vous avez été pressentie pour les Jeux Olympiques ?
Effectivement, une course vers les Jeux Olympiques avait été envisagée. C’était un objectif ambitieux, réaliste, vers lequel je m’étais engagée avec détermination. Mais parfois, le destin ou les circonstances viennent tout chambouler. Des problèmes liés aux structures universitaires et un changement de règlement concernant les duos admis aux JO ont mis un terme à cette trajectoire. La route s’est arrêtée là.

Vous avez décidé à ce moment-là de mettre fin à votre carrière ?
J’ai arrêté ma carrière internationale un an après l’arrêt de la course pour les Jeux Olympiques. Mon aventure avec l’équipe nationale, c’est dix années d’engagement. Ma dernière compétition fut les Jeux Européens de Cracovie en 2023. Une belle manière de clore ce chapitre, mais non sans un pincement au cœur.

A quel moment avez-vous été confrontée vous-même à l’épreuve de la maladie ?
L’été suivant, en 2024, alors que je pensais entamer une nouvelle vie loin des grands événements et en gardant mes deux entrainements par semaine tranquillement avec mon club le Morges natation, un événement m’a bousculée et alertée. Lors d’examens de routine, plusieurs fibroadénomes bénins ont été détectés à l’échographie, puis confirmés par biopsie. L’un d’eux présentait une évolution anormale et a dû être retiré. Me voilà donc confrontée à nouveau à ce mot que je n’avais jamais vraiment quitté depuis ma plus tendre enfance « maladie ».

C’est donc de cette épreuve que cette magnifique idée est née…
Allongée sur ce lit d’hôpital froid, avec le statut de « malade » flottant au-dessus de moi, c’est comme si tout me revenait. Cette peur sourde, cette impression que cette saleté de maladie n’était jamais vraiment partie. Que, d’une manière ou d’une autre, elle faisait toujours partie de nos vies à moi, à ma mère, à notre histoire. Ce n’était pas une rechute grave, mais une rechute émotionnelle, puissante, qui m’a replongée dans tout ce que nous avions traversé.

Nous comprenons mieux le nom Seinchronisées donné à votre spectacle.
Et c’est là, dans ce moment de vulnérabilité extrême, qu’est née Seinchronisées. Une idée folle : réunir les plus belles rencontres humaines et artistiques de ma carrière pour monter un spectacle de natation artistique, porteur de sens. Créer quelque chose de beau, de fort, à partir de cette douleur. Faire de cette épreuve un mouvement, une action.

Le prochain spectacle sera donné au Centre sportif d’Etoy ce 25 octobre et tous les fonds récoltés sont reversés à la Ligue Vaudoise contre le cancer, n’est-ce pas ?
Effectivement, tous les fonds récoltés lors des représentations sont reversés à la Ligue Vaudoise contre le cancer, avec qui nous travaillons main dans la main. Il ne s’agit pas seulement d’un spectacle, mais d’un message : celui de la résilience, de la solidarité, de la beauté qui peut naître même dans les moments sombres. Les deux premières représentations ont été un immense succès. Le public a répondu présent, les émotions étaient au rendez-vous, et les retours ont été bouleversants et tellement encourageants. Les demandes pour de nouvelles dates affluent déjà. Aujourd’hui, Seinchronisées s’est transformé en association.

Babou, à quoi rêvez-vous aujourd’hui ?
La suite ? Elle se dessine doucement. Mais elle promet d’être belle.

Tags : natation · maladie · femmes
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