Pourquoi la plus célèbre influenceuse au monde Chiara Ferragni risque-t-elle la prison ?
Oui, elle a dû comparaître devant le tribunal mardi. Explications.
L’influenceuse italienne Chiara Ferragni (38 ans) est très populaire sur les réseaux sociaux depuis des années. Sauf qu’un incident datant de 2022 pourrait bien changer la donne. En 2023, elle avait déjà écopé d’une amende d’un million d’euros, mais l’affaire est loin d’être close. Plus tôt cette semaine, elle a dû comparaître devant le tribunal, les procureurs lui réclamant désormais une peine de prison de 20 mois.
De quoi est accusée Chiara Ferragni ?
En 2022, pendant la période de Noël, Chiara Ferragni a lancé une opération autour du pandoro, un gâteau traditionnel italien. Le gâteau, vendu avec son logo, était présenté comme un produit dont les bénéfices seraient reversés à un hôpital pour enfants à Turin. Sauf que ça n’a pas le cas. Les revenus de ces ventes ont tout bonnement été versés sur le compte de l’entreprise de l’influenceuse.
L’hôpital a bien reçu un don unique de 50’000 euros (environ 46’000 francs) – mais celui-ci venait exclusivement du fabricant de pandoro. La vente des gâteaux estampillés Chiara Ferragni n’a eu aucune influence sur ce montant. Après les ventes, les sociétés de l’Italienne n’ont versé aucun fonds supplémentaire à l’hôpital pour enfants.
Cette opération alors jugée trompeuse a suscité de nombreuses critiques – au point que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, avait décidé d’intervenir elle-même dans le débat : « Les vrais modèles ne sont pas des influenceurs qui gagnent de l’argent en exhibant leurs vêtements et leurs sacs, ou en promouvant des gâteaux coûteux en laissant croire que les bénéfices seront reversés à une œuvre caritative », avait-elle déclaré à l’époque.
Quelle est la défense de Chiara Ferragni ?
Suite à toute cette affaire, Chiara Ferragni avait reçu en 2023 une amende d’un million d’euros de l’autorité italienne de la concurrence, l’AGCM. Elle a alors annoncé qu’elle verserait malgré tout un million d’euros à l’hôpital pour enfants, mais qu’elle n’acceptait pas l’amende. Elle avait ainsi souligné qu’elle ferait appel, estimant que le montant d’un million d’euros était « disproportionné et injuste ».
Elle avait en effet publié une publication Instagram pour réagir à la polémique : « J’ai toujours pensé que celles et ceux qui ont plus de chance ont une responsabilité morale de faire le bien. Ce sont les valeurs qui ont toujours guidé ma famille et moi. C’est ce que nous enseignons à nos enfants. Nous leur apprenons aussi que des erreurs peuvent arriver, et que lorsqu’elles se produisent, il faut les reconnaître, les corriger si possible, et en tirer des leçons.
C’est ce que je veux faire aujourd’hui. Je tiens à présenter mes excuses et à poser un geste concret : je vais faire un don d’un million d’euros à l’hôpital Regina Margherita pour soutenir les soins pédiatriques. Mais ce n’est pas tout : je le fais publiquement parce que j’ai réalisé que j’avais commis une erreur de communication. Une erreur dont je tirerai des enseignements à l’avenir, en séparant totalement mes actions caritatives — que j’ai toujours menées et que je continuerai à mener — de mes activités commerciales. Car même si l’intention est bonne, un manque de vigilance dans la communication peut entraîner des malentendus.
Comme je l’ai déjà dit ces derniers jours, je contesterai la décision de l’AGCM, car je considère qu’elle est disproportionnée et injuste. Mon erreur sincère a été de lier, par ma communication, une activité commerciale à une action caritative. Malheureusement, des erreurs peuvent se produire ; je regrette de l’avoir fait et je reconnais que j’aurais dû être plus attentive.
Si l’amende finale est — comme je l’espère — inférieure à celle imposée par l’autorité italienne de la concurrence, la différence sera ajoutée au million d’euros déjà promis. Dans les prochains jours, je discuterai avec l’hôpital Regina Margherita de la manière dont il utilisera le montant que j’ai donné, et je vous tiendrai informés. J’ai commis une erreur, mais je veux faire en sorte qu’il en ressorte quelque chose de constructif et de positif. »
Quand le verdict sera-t-il délivré ?
Selon People, « Chiara Ferragni aurait versé au total 3,4 millions d’euros fin 2024 pour régler et clore plusieurs enquêtes liées à différentes actions caritatives. Cela inclut le million d’euros versé à l’hôpital, l’amende d’un million infligée par l’AGCM, ainsi que 1,2 million d’euros supplémentaires à un fonds pour enfants afin de régler une affaire de manque de transparence concernant des œufs de Pâques Ferragni. » Oui, en plus du pandoro de Noël, il y avait aussi les œufs de Pâques Chiara Ferragni.
Mardi 25 novembre, la célèbre influenceuse a dû comparaître devant le tribunal — les procureurs ont alors requis une peine d’un an et huit mois de prison. L’information a notamment été relayée par France24, L’Unione Sarda et La Presse. L’avocat de Chiara Ferragni, Marcello Bana, maintient qu’elle est innocente. Sa cliente devra à nouveau se présenter devant la justice vendredi 19 décembre, et selon L’Unione Sarda, une décision est attendue en janvier.
En attendant, Chiara Ferragni demeure active sur les réseaux sociaux, où elle continue également d’assurer des collaborations rémunérées. En mai 2024, son entreprise avait publié un communiqué affirmant qu’elle « s’abstiendrait désormais de toute action mêlant activités commerciales et activités caritatives ».
Autrice : Taviza Balraadjsing
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/nl. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.
