Autrice, compositrice, interprète, romancière, poétesse… Clara Ysé a enchanté le Paléo et les Francomanias cet été: rencontre solaire!
Réédition de son album Oceano Nox (2023), un roman et un recueil de poésie à son actif, l’artiste aux talents multiples déborde de projets et touche un public de plus en plus large grâce à des textes sensibles, des mélodies entêtantes et une voix envoutante. Clara Ysé sera en décembre à Morges et Monthey.
ELLE: Vous êtes le plus souvent vêtue de noir sur scène, la couleur de la nuit – Nox – et titre de votre premier album. Que représente cette couleur pour vous?
Clara Ysé: Le silence. L’idée du noir m’intéresse dans cet assemblage de toutes les couleurs: c’est d’une telle densité que d’un coup, tout s’annule et s’efface. Et j’ai l’impression que la musique et la poésie travaillent elles aussi avec le silence dont elles viennent révéler une part.
Le feu est également très présent dans votre œuvre. A quoi se réfère-t-il?
De la même manière qu’il y a dans mon album cette espèce de traversée de la nuit vers le jour, il y en a une de l’eau vers le feu, symbole du phénix à mes yeux: il est à la fois ce qui détruit et ce qui se régénère. Je le lie très fortement à l’idée du désir et à celle de la réinvention de ce qu’on accepte de détruire en soi pour donner à naître.
Vous venez de publier un premier recueil de poésie, «Vivante». Dans quelle mesure distinguez-vous l’écriture de poèmes de celle de chansons?
En général, je commence mes chansons par la musique. Les mots viennent rapidement, sans doute générés par l’émotion de la mélodie. Les chansons qui me touchent sont celles où j’ai l’impression que de l’espace a été laissé dans la musique pour accueillir la langue et réciproquement. Alors qu’avec l’écriture poétique – et c’est peut-être pour cela que j’adore cette forme d’écriture – on ne fait que creuser le silence.
Ysé est votre un nom de scène. Comment l’avez-vous trouvé?
C’est aussi mon deuxième prénom et il vient du Partage de midi de Claudel. Quand je l’ai lu à la fin de l’adolescence, j’ai détesté Ysé! C’est vraiment un grand personnage d’amoureuse passionnelle qui fait tout flamber, détruit tout sur son passage au nom de cet amour qui, en plus, n’en vaut pas du tout la peine. L’avoir pris comme nom de scène est une façon de l’apprivoiser d’une certaine manière.
Votre titre «Lettre à M.» est profondément touchant. L’interpréter vous fait-il du bien?
Souvent beaucoup. Cette chanson est très forte pour moi et je ne peux pas la chanter à tous les concerts, seulement lorsque j’en ai vraiment envie. C’est l’une de celles que le public connaît souvent par cœur. J’ai le sentiment qu’elle dépasse complètement mon histoire personnelle et qu’elle se réfère aux personnes qui ont disparu dans la vie des gens.
De l’ombre ou la lumière présents dans tous vos textes, où va votre préférence?
C’est une bonne question. La lumière. Mais en réalité, j’aurais tendance à dire les deux, dans le sens où l’un n’existe pas sans l’autre.
Qu’est-ce qui vous console aujourd’hui et vous rend vivante?
La musique et l’amour sans hésiter.