Dans cette chronique, Jacobo Bergareche explique pourquoi le mois d’août, en tant que mois de vacances, est si idéalisé. Opinion.

Il surgit triomphant, porté par le jour le plus long de l’année, celui du solstice. Mais à peine né, ce mois amorce déjà sa descente. Comme un feu d’artifice inversé : août explose de lumière avant de s’éteindre peu à peu. La chaleur grimpe, le soleil s’impose… comme pour cacher que ses journées raccourcissent déjà. C’est une illusion séduisante, un peu comme ces amours d’été qu’on sent éphémères mais qu’on vit intensément.

Sans qu’on s’en rende compte, la lumière cède du terrain. Un peu. Puis beaucoup. Puis d’un coup, la nuit revient comme un souvenir d’automne. En août, Sirius et Vénus brillent déjà dans le ciel à l’heure de l’apéro. Finies les soirées où les étoiles n’apparaissent qu’après les desserts. L’été, lui aussi, s’incline. Et nous, on danse quand même, en espérant que personne ne le remarque.

Août ou le mois de la mélancolie

Dans cette lente agonie de l’année, qui commence à se faire sentir dès la fin août, il y a une angoisse que je reconnais trop bien. Une tristesse sourde, de la même matière trouble que celle des dimanches soir : ce mélange de mélancolie et d’irritation douce, qui s’installe dans la poitrine à mesure que le 31 approche.

Ce n’est pas un hasard si septembre est le mois où le monde vacille le plus. L’été s’éloigne, et avec lui la légèreté. Ce qui reste ? Une sorte de vertige intérieur. J’avais écrit, il y a quelques années, une petite strophe pour dire ce malaise : « L’été dans sa débandade / Nous creuse un gouffre discret. / Ce qui fut joie et parade / Résonne en nous… comme un secret. »

L’un des grands pièges de notre calendrier ? Croire que le bonheur se trouve forcément en août. Comme si c’était la destination ultime de l’année, la promesse d’un été réussi. Et pourtant… C’est souvent tout l’inverse : un mois en pente douce vers la mélancolie. C’est le moment où l’on ressent que tout va bientôt basculer, que les vacances touchent à leur fin avant même d’avoir vraiment commencé. En prime, c’est aussi le mois où les loyers explosent, les plages débordent, et où réserver une table dans un simple bar de plage relève du parcours du combattant.

Voici le vrai mois du bonheur estival

À ce stade, la vie aurait déjà dû nous apprendre à mieux la savourer. Et pour vraiment la vivre en beauté, c’est en juin que l’on devrait partir en vacances. Pas en août, pas quand tout le monde s’y précipite. En juin, la nature est encore en fleur, le printemps touche à son apogée, et le soleil grimpe vers son zénith dans une lumière dorée.

Commencer l’été en célébrant le solstice, danser autour d’un feu de la Saint-Jean, s’offrir des jours de douceur pendant que le monde court encore. Puis, rentrer en ville, quand tout le monde est parti, et goûter au calme d’août dans des rues silencieuses. Voilà peut-être le vrai luxe.

Auteur : Jacobo Bergareche
Cet article a été traduit et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/es Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

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