Keziah Jones expose à Genève : « Le public s’intéresse aux liens entre mes dessins et ma musique »

Alors qu’il travaille à son prochain album studio à paraître en avril 2026, destiné à être joué en Suisse aussi, Keziah Jones a choisi une toute nouvelle galerie au cœur de la Cité de Calvin pour exposer ses créations artistiques. Des œuvres à l’origine de toutes ses créations musicales.

ELLE Suisse : Comment votre passion pour le dessin s’est-elle manifestée ?
Keziah Jones : Je dessine depuis toujours. Mais c’est vraiment en 2003 ou 2004, au moment de la sortie de mon album Black Orpheus (2003) que j’ai commencé à lier cette forme d’art à ma musique.

Pour quelles raisons vous être décidé à exposer vos dessins et à les vendre ?
Les dessins dont j’ai décidé de me séparer ont toujours été chez moi. Un jour, je les ai montrés à un ami galeriste à Paris, Eric Dupont, qui a été fortement impressionné. M’en détacher représente une opportunité de libérer la création, un peu comme en musique. C’est important de se régénérer !

Dessinez-vous désormais en vue d’exposer vos œuvres ou vos dessins restent-ils exclusivement un outil de création ?
Je dessine toujours pour composer de la musique. Mais je reconnais que mon approche a fortement changé, notamment depuis que j’ai été missionné pour réaliser l’affiche de l’édition 2025 du Longines Paris Eiffel Jumping en juin dernier. Le public s’intéresse aux liens entre mes dessins et ma musique et je souhaite les développer. Je réfléchis d’ailleurs à une prochaine exposition : elle regroupera différents artistes, musiciens mais aussi visuels, qui se réfèrent à leurs racines africaines dans leur art.

Pourquoi exposer à Genève aujourd’hui, après Paris ?
La Tribe Gallery a manifesté son intérêt et comme j’ai beaucoup joué ici, tout comme à Paris, cela avait du sens d’y présenter mes dessins.

Le nom de votre exposition – L’échelle invisible – reprend celui d’un morceau de votre premier album. Comment le comprendre ?
En musique comme en dessin, il existe toujours une part de travail invisible qui, même sans avoir été formé pour pratiquer ces arts, permet à un artiste de relier un point A à un point B à travers un geste très fluide. C’est le sens de ce titre. Je ne souhaite pas reproduire la réalité avec mes dessins, mais réaliser quelque chose d’apaisant pour les yeux et le cerveau.

En quoi ces deux formes d’art se nourrissent-elles chez vous ?
Mon esprit part toujours d’une image réelle qui va susciter des images musicales. Cette sensation me conduit à dessiner ce que vous voyez ici et à composer de la musique qui, à son tour, fait émerger des images. La relation entre les deux est continue.

Écoutez-vous de la musique en dessinant et peut-être même chantez-vous ?
Je n’écoute pas de musique du tout, mais je chante, oui. Dessiner m’inspire.

Pour qui dessinez-vous?
Avant tout pour moi-même. Les choses sont un peu différentes quand on me missionne pour un dessin en particulier mais, le plus souvent, je ne pense pas à ceux qui pourraient regarder mon travail. Je dessine pour moi.

The Invisible Ladder, by Keziah Jones, Tribe Gallery, Genève, jusqu’au 29 novembre 2025, tribegallery.com