Le nouveau style de Calvin Klein n’a jamais été aussi politique
La collection de Veronica Leoni présentée vendredi durant la New York Fashion Week parle notamment de l’esprit « Babygirl », mais sous une nouvelle version. Analyse.
Après six ans d’absence à la Fashion Week de New York, Calvin Klein a signé vendredi 7 février un retour remarqué sous la direction de Veronica Leoni, première femme à la tête de la marque, dont la nomination en décembre dernier avait déjà suscité l’attention. Ce retour a été perçu par certains comme un souffle nouveau pour l’événement, lui conférant un regain de dynamisme, malgré une effervescence palpable.
Le défilé a réuni une prestigieuse assemblée. Les icônes de la maison, Kate Moss et Christy Turlington, ont pris place au premier rang, tandis que FKA Twigs est apparue aux côtés de son compagnon, Jordan Hemingway. Parmi les personnalités venues soutenir Veronica Leoni, on retrouvait également Madeline Argy, Simone Ashley, Greta Lee, Nara Smith et Calvin Klein lui-même.
Retour au minimalisme
Le parcours de Veronica Leoni, marqué par des expériences chez The Row, Céline et Moncler, se reflète dans sa première collection pour Calvin Klein. Ses silhouettes sculpturales, notamment des manteaux évoquant des exosquelettes et des formes de coquillage, confèrent une dimension architecturale aux vêtements d’extérieur. Sur le podium, cette approche structurée côtoie des pantalons amples raccourcis, des henley en maille, des robes fluides et des coupes décontractées, illustrant une vision contemporaine du minimalisme.
Fidèle à l’ADN de Calvin Klein, Veronica Leoni revendique une continuité avec l’héritage de la maison tout en y insufflant sa propre esthétique. « Mon objectif est de définir une expression ultime et définitive du minimalisme monumental et de la pureté à travers la forme et l’artisanat, en transposant la vision originale et l’approche distinctive de Monsieur Klein dans le présent », explique-t-elle.
L’influence de l’ère Trump
Si certains regrettent la disparition de la sensualité emblématique des années 1990 chez Calvin Klein, la collection de Veronica Leoni s’inscrit dans une autre dynamique. Cette dernière est marquée par la montée en puissance de l’esthétique Mermaid office wear (aussi dit, « sirène de bureau »). Une tendance qui résonne particulièrement avec l’esprit Babygirl, où dominent les manteaux longs sur mesure, les nuances de gris doux et les touches de pastel.
Cette mode s’explique notamment par un contexte politique où, aux Etats-Unis, les droits des femmes sont de plus en plus contestés. Il n’est alors pas surprenant qu’une New-Yorkaise d’aujourd’hui exprime sa féminité différemment de la femme Calvin Klein sous l’ère Clinton. Moins démonstrative dans l’espace public, cette sensualité demeure pourtant bien présente, évoluant vers une forme plus subtile et codifiée. Dazed souligne ainsi l’essor d’un fétichisme des entreprises et d’un érotisme baigné de lumière artificielle, illustré par des œuvres comme Babygirl (2024), Severance (2006) et Industry (2020).
C’est dans ce paysage que s’inscrit l’approche de Veronica Leoni: une sensualité maîtrisée, structurée et volontairement boutonnée, qui incarne un message aussi audacieux que pertinent pour une première femme à la tête de la maison Calvin Klein.
Autrice: Ruby Feneley
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com.au. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.